Baisse du taux refi : c’est pour novembre.

Enfin ! Après un an de crise financière, après huit mois de recul de l’activité économique, après cinq mois d’augmentation du chômage et après trois mois de recul de l’inflation, la BCE se décide enfin à reconnaître la réalité.

De là à admettre son erreur d’avoir augmenté le taux refi en juillet, il ne faut pas trop en demander à la BCE et à son Président. Néanmoins, un virage a été pris : la BCE reconnaît désormais officiellement que le risque principal réside dans une baisse durable de l’activité, tout en soulignant que l’inflation est bien installée sur une pente baissière.

Mieux, la BCE a même annoncé que le débat au sein de son comité de politique monétaire était désormais de savoir s’il fallait maintenir le statu quo ou bien baisser le taux refi.

La dernière fois qu’une telle précision avait été faite remonte à juin dernier, mais à l’époque, la BCE nous avait indiqué qu’elle hésitait entre un statu quo et une augmentation du taux refi, qui a finalement été décidée en dépit du bon sens dès juillet.

Même s’il ne faut évidemment pas s’emballer, dans la mesure où la BCE nous a habitués à de bien mauvaises surprises depuis sa création, il ne faut pas non plus devenir trop gourmand.

L’assouplissement du discours mené aujourd’hui est un effort énorme pour une institution rigide comme la BCE.

Dans ce cadre, nous anticipons que la BCE baissera son taux refi de 25 centimes dès le mois de novembre prochain ou au plus tard en décembre.

D’ici là, en effet, l’inflation continuera de baisser, l’activité économique de reculer, et les banques eurolandaises de subir des difficultés.

Déjà bien entamée depuis deux mois, la baisse de l’euro devrait donc se poursuivre et la barre des 1,35 dollar pour un euro devrait être enfoncée avant la fin octobre.

Voilà donc le scénario qui se dresse devant nous : le PIB de la zone euro devrait baisser d’environ 0,2 %  au second semestre 2008 et l’inflation eurolandaise atteindre 2,5 % en décembre. Entre temps, une ou deux banques eurolandaises seront sauvées in extremis de la faillite et la BCE baissera son taux refi de 25 centimes tant en novembre qu’en décembre. L’euro plongera alors sous les 1,30 dollar début 2009 et les taux longs de la zone euro s’affaisseront vers les 3,5 %.

Dans ce cadre, après une récession d’environ un an (du printemps 2008 à l’été 2009), la zone euro sortira progressivement la tête de l’eau et retrouvera le chemin d’une croissance appréciable à partir du troisième trimestre. Quant au taux de chômage, il remontera puis se stabilisera autour des 8,2 % jusqu’à l’hiver 2009.

Autrement dit, sur le front de l’économie eurolandaise, l’année 2009 sera pire que 2008. Néanmoins, si 2008 a été marquée par une obscurité de plus en plus opaque, l’année 2009 devrait consacrer un retour progressif vers la lumière. A moins que…

Marc Touati