Climat des affaires en Allemagne et en France : c’est l’écroulement

A l’heure où le Président français se propose de trouver et de punir les coupables de la crise financière internationale, la France, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro sont en train de s’écrouler d’un point de vue économique. En effet, après l’atonie de la consommation et la chute massive de l’activité dans la construction, les industries hexagonale, allemande et italienne commencent à défaillir. C’est du moins ce qui vient d’être confirmé par les dernières enquêtes dans l’industrie de l’INSEE, de l’IFO et de l’ISAE.

Ainsi, en France, après avoir déjà perdu 12 points entre janvier et juillet 2008, l’indice du climat des affaires de l’industrie française s’effondre de 5 points sur le seul mois de septembre. Avec un niveau de 92, cet indicateur avancé de l’activité industrielle et globale atteint désormais un plus bas depuis août 2003 et se rapproche dangereusement des planchers de la récession de 1993. Pis, tous les indicateurs de l’enquête enregistrent une dégradation majeure. A commencer par l’indice des perspectives générales de production qui, après avoir déjà chuté de 37 points depuis le début d’année, en a encore perdu 9 en septembre. Là aussi un plus bas depuis 2003.

Mais la nouvelle la plus inquiétante de cette enquête réside dans la forte baisse des perspectives personnelles de production qui, après avoir reculé de 7 points en juillet, en perdent encore 9 en septembre, soit un plongeon de 26 points depuis le début 2008. Au-delà du fait que cet indice atteint également un plus bas depuis 2003, son plongeon montre que désormais les craintes des industriels français ne sont plus seulement dans la perception de la situation globale, mais dans leur vécu quotidien. D’ailleurs, prolongeant le mouvement amorcé depuis le printemps dernier, les carnets de commandes ont de nouveau plongé en septembre, atteignant également des plus bas depuis 2003 tant pour les carnets étrangers que globaux.

Et malheureusement, tous les secteurs d’activité sont concernés, des biens d’équipement aux biens de consommation, en passant par l’automobile et les biens intermédiaires. Autrement dit, que ce soit la consommation, l’investissement ou les exportations, tous les moteurs de la croissance française sont à l’arrêt, voire en marche arrière.

En Allemagne, le constat est tout aussi affligeant. Ainsi, l’indice du climat des affaires de l’enquête IFO a encore perdu 1,9 point en septembre, soit une chute de 10,4 points depuis le début 2008. Pis, après avoir déjà atteint le mois dernier un plancher depuis 1993, les perspectives d’activité de cette même enquête IFO ont encore reculé de 0,5 point en septembre, à 86,5, soit un plus bas depuis février 1993 et seulement 3 points au-dessus du plancher historique de novembre 1992. Comme l’indique le graphique ci-dessus, le PIB allemand devrait enregistrer un plongeon sans précédent depuis 1993.

Enfin, même si elle est habituée à la récession depuis 2001, l’Italie n’est pas en reste dans ce climat délétère, avec une nouvelle baisse de l’indice ISAE du climat des affaires à 82,7, un plus bas depuis octobre 2001.

Dans ces conditions, non seulement la récession dans la zone euro ne fait plus de doute, mais surtout son amplification est aussi devenue inévitable. Nous sommes donc bien en train de vivre la plus grave crise économique qu’a connue la zone euro (et certainement l’Europe dans son ensemble) depuis 1993. Il faut donc vite trouver les coupables pour les punir…

Marc Touati