– 0,5 % en Allemagne, – 0,3 % tant en France qu’en Italie, – 0,2 % pour l’ensemble de la zone euro. Non, il ne s’agit pas d’un simple trou d’air, mais bien d’une récession. En fait, la baisse du PIB eurolandais aurait été encore plus forte, si Chypre, l’Autriche et le Portugal et certainement la Slovénie et Malte n’avaient pas sauvé sa mise. La zone euro tirée par ses petits pays ?! Etonnant. Il faudra donc surveiller la révision des comptes nationaux qui risque donc de s’avérer baissière. Dire qu’il y a à peine trois mois, nous étions parmi les très rares à annoncer le risque d’une baisse du PIB en France et dans la zone euro. Dire qu’il y a encore quelques jours, nous étions les seuls avec la Bank of America à annoncer une baisse du PIB français pour le deuxième trimestre 2008. Et pourtant ! Non seulement le PIB français a reculé au deuxième trimestre, mais bien plus que les 0,1 % que nous anticipions, sa chute a atteint 0,3 %. Pis, sans la contribution positive de la formation de stocks, la variation du PIB français aurait été de – 0,6 %. De quoi calmer ceux qui avanceront que la baisse du PIB s’explique avant tout par la contribution négative du commerce extérieur (- 0,5 point). Comme cela s’observe très régulièrement dans l’Hexagone, il est effectivement assuré que le gouvernement et les nombreux économistes politiquement corrects chercheront à masquer la réalité et à utiliser la traditionnelle méthode Coué pour expliquer que tout va bien dans l’Hexagone et qu’il ne s’agit que d’un trou d’air passager. Mais la réalité est et sera tout autre. En effet, il faut tout d’abord souligner qu’après avoir baissé de 0,1 % au premier trimestre, la consommation des ménages n’a augmenté que de 0,1 % au deuxième trimestre, confirmant par là même que son atonie est durable. Ensuite, la dégradation du PIB tient surtout au plongeon de l’investissement : – 2,9 % pour l’investissement logement des ménages et – 1 % pour l’investissement des entreprises. Or, il s’agit bien là de deux indicateurs avancés de l’emploi. Et c’est là que le bât blesse. Car, après avoir déjà baissé de 0,1 % au deuxième trimestre, l’emploi salarié dans l’Hexagone devrait encore reculer au troisième trimestre, notamment via la baisse de l’investissement. D’où une nouvelle dégradation du pouvoir d’achat, donc de la consommation, donc du PIB, puis de l’emploi… et le cercle pernicieux continuera. Il faut donc être clair : les économies française et eurolandaise ne vivent pas un simple trou d’air mais est bien en train de s’enfoncer dans une récession au moins aussi grave que celle de 1993. Compte tenu des chocs qu’il faudra encore digérer (dégonflement de la bulle immobilière en France, en Espagne, en Irlande, ralentissement de la croissance mondiale, hausse du chômage, euro et pétrole toujours trop chers malgré leur baisse récente …), le rebond ne commencera au mieux qu’au printemps 2009. En termes de « performances » de croissance, cela se traduira par une progression annuelle du PIB français d’environ 1,3 % cette année (notons d’ailleurs que l’acquis de croissance n’est que de 0,9 % à la fin du deuxième trimestre) et 1,2 % en 2009. Dans ce cadre, le taux de chômage devrait retrouver la barre des 8 % courant 2009 et le déficit public devrait dépasser les 3 % du PIB tant cette année que l’an prochain. Dans la zone euro, les résultats seraient à peine meilleurs, avec une hausse de 1,4 % cette année et de 1,3 % en 2009. La seule bonne nouvelle de cette descente aux enfers résidera dans le recul de l’euro, qui devrait avoisiner les 1,30 dollar d’ici le printemps 2009. Entre temps, la BCE devra manger son chapeau et reconnaître ouvertement que sa stratégie monétaire du premier semestre 2008 et a fortiori l’augmentation du taux refi en juillet étaient bien une double erreur difficile à pardonner. Elle devrait donc réduire ses taux directeurs d’environ 50 points de base d’ici février 2009 pour permettre à la croissance eurolandaise de redémarrer lors de l’été 2009. Que de temps perdu… Marc Touati
Zone euro et France : la récession ne fait que commencer.
- France : la récession ne fait plus de doute.
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