La descente aux enfers se poursuit pour l’économie française. Après la baisse de la consommation des ménages, l’effondrement des mises en chantier et le nouveau record abyssal du déficit commercial, c’est au tour de la production industrielle de susciter, une fois encore, toutes les inquiétudes.
En effet, après avoir déjà baissé de 2,9 % en mai (contre 2,6 % estimé précédemment) et alors qu’une légère correction haussière était attendue pour juin, la production industrielle française a finalement continué de reculer. En baissant de 0,4 % en juin, elle affiche ainsi un plongeon trimestriel de 1,4 %.
Il s’agit de la plus forte chute trimestrielle depuis le quatrième trimestre 2001. Pis, depuis la fin de la récession de 1993, une baisse aussi forte n’a été dépassée qu’à deux reprises, au quatrième trimestre 1995 et au quatrième trimestre 2001. C’est dire que l’industrie française ne subit certainement pas un simple trou d’air mais s’est bien enfoncée dans la récession. On peut d’ailleurs même signaler que cette dernière a déjà commencé puisque l’écroulement de la production au deuxième trimestre intervient après une stagnation au premier trimestre.
En outre, la forte baisse des perspectives générales et personnelles de production des dernières enquêtes de l’INSEE dans l’industrie indique que cette récession est loin d’être terminée.
Le détail des chiffres de l’activité industrielle est d’ailleurs affligeant. A l’exception d’un petit 0,9 % pour les biens d’équipement, tous les secteurs industriels subissent de fortes baisses au deuxième trimestre : -1 % dans la construction, – 1,9 % tant pour les biens de consommation que pour les biens intermédiaires, la palme de la déconfiture revenant à l’automobile, avec un effondrement de 5,8 %.
Deux grands enseignements doivent être tirés de ces chiffres. Primo, il ne fait désormais plus de doute que le PIB français a baissé d’au moins 0,1 % au cours du deuxième trimestre 2008. En effet, même si l’industrie totale ne représente qu’environ 20 % du PIB français (17 % pour la seule industrie manufacturière), la chute trimestrielle de 1,4 % de la production ne laisse guère de marge de manœuvre pour anticiper une compensation. Et ce d’autant que la consommation a baissé au deuxième trimestre et que l’activité dans les services a également été moribonde.
Secundo, cette récession industrielle, qui sera d’ailleurs bientôt suivie par une récession globale de l’économie française, aura forcément des conséquences dramatiques en termes d’emplois. Dès septembre, les plans de licenciements risque donc de devenir pléthoriques et massifs. D’où une nouvelle dégradation du pouvoir d’achat, donc de la consommation, donc de l’activité, et enfin de l’emploi… et le cercle vicieux continuera ainsi au moins jusqu’au printemps 2009.
Pour ceux qui ont la chance de partir en vacances (et ils sont a priori de moins en moins nombreux, seulement 58% selon les enquêtes, soit 10 points de moins que l’an passé), il faudra donc en profiter, car à la rentrée, il faudra composer avec la récession.
Marc Touati