La bonne surprise que certains attendaient n’a pas eu lieu. Ainsi, alors que, depuis 1998, la consommation des ménages n’a cessé de soutenir la croissance française, générant régulièrement des « bonnes surprises » au travers de sa résistance tenace, le miracle ne s’est pas produit en 2008. En effet, après avoir déjà baissé de 1,8 % en mars-avril, puis rebondi techniquement de 1,7 % en mai (et non pas de 2 % comme annoncé il y a un mois), la consommation des ménages en produits manufacturés a repris le chemin de la baisse, en reculant de 0,4 % en juin. Si ce repli peut paraître limité, il n’en demeure pas moins très inquiétant dans la mesure où il a été enregistré malgré le début des soldes dès le 25 juin, contre par exemple le 27 juin l’an passé. En fait, depuis 1993, c’est seulement la troisième fois que la consommation des ménages recule lors d’un mois de juin (les deux précédentes étant en 1998 et 1999, sachant que pour cette dernière année les soldes n’avaient commencé qu’en juillet). D’ailleurs, si la baisse de la consommation de juin s’explique principalement par la chute de 3,8 % des achats d’automobiles, la consommation de textile-cuir (secteur habituellement phare en période de soldes) n’augmente que de 0,6 %. Son glissement annuel repasse ainsi dans le rouge, à – 0,6 %. Autrement dit, si même pendant la fête des soldes, la consommation n’est pas au rendez-vous, elle risque d’être encore plus moribonde par la suite. En attendant, il faut déjà noter que, sur l’ensemble du deuxième trimestre, la consommation en produits manufacturés a reculé de 0,04 %. Au-delà du fait que cette baisse intervient après déjà deux trimestres de faible progression (+ 0,17 % au quatrième trimestre 2007 et + 0,11 % au premier de 2008), il faut souligner qu’il s’agit là du premier recul enregistré depuis le troisième trimestre 2004. Dès lors, après avoir déjà stagné au premier trimestre 2008, la consommation totale des ménages au sens des comptes nationaux devrait au moins en faire autant au deuxième trimestre. Dans ce cadre, nous sommes confortés dans notre prévision d’une variation du PIB français proche de zéro, voire légèrement négative, au cours du deuxième trimestre. Plus globalement, nous sommes malheureusement contraints de rappeler que la faiblesse de la consommation n’est ni nouvelle ni sur le point de s’arrêter. En effet, après s’être endettés massivement pour continuer de consommer fortement, les ménages n’ont aujourd’hui plus les moyens de s’endetter davantage, non seulement parce qu’ils sont financièrement fragilisés, mais aussi parce que les taux d’intérêt sont devenus trop élevés et que les banques sont de plus en plus parcimonieuses dans l’octroi de crédit. En outre, la flambée des cours pétroliers et des prix des biens alimentaires restreint drastiquement le pouvoir d’achat des ménages et leur impose de réduire la voilure sur des biens moins urgents, tels que l’habillement et l’équipement du logement. Enfin, le dégonflement de la bulle immobilière et la baisse de l’activité dans la construction amputent de facto la consommation de biens d’équipement du foyer tout en pesant à la baisse sur les dépenses globales via un effet de richesse négatif. En conclusion, la croissance hexagonale ne pourra plus compter sur le moteur de la consommation au moins jusqu’à l’été 2009. Elle ne pourra donc que vivoter entre – 0,1 % et 0,5 % par trimestre et entre 1 et 1,5 % en variation annuelle et ce, pendant encore un an.
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France : Soldes sur la consommation…
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