Ce serait une belle récompense pour ce petit Etat, listé parmi les pays les moins avancés (PMA) [1], qui, depuis le milieu des années
Le Laos semble savoir où il va et pourquoi. Son entrée à l’OMC doit lui permettre d’ « accélérer son intégration économique tout en encourageant un vrai développement social », a encore répété récemment le ministre laotien de l’Industrie et du Commerce qui présentait à Genève les dernières avancées de son pays.
Car il faut reconnaître le travail juridique et réglementaire mis en œuvre, via la promulgation récente de lois et de règles sur le budget et la comptabilité nationaux, sur le système financier et bancaire, sur le marché de l’emploi, sur le tissu entrepreneurial… Objectif : « créer un environnement économique épanouissant et améliorer la compétitivité » du Laos, expliquait son représentant.
Le pays bénéficie de certains atouts. Sa croissance a tourné autour des 7 % au cours de ces trois dernières années, dopée par un commerce extérieur dynamique, par l’afflux d’IDE et par d’ambitieux projets industriels d’exploitation de ses richesses naturelles hydrauliques – il se présente comme « la pile électrique de l’ASEAN » – et minières (or, fer, cuivre, zinc, aluminium bientôt). L’économie se diversifie avec une montée en cadence du tertiaire : les services, notamment issus du tourisme asiatique et international depuis peu, représentent environ un quart des sources de richesse.
Malgré cette modernisation, le Laos reste largement dépendant de son secteur primaire. L’agriculture – essentiellement auto-consommée, seules les ressources forestières comme le bois sont exportées – emploie 75 % de la population active et génère, avec l’exploitation forestière et la pêche, 45 % du PIB [2]. 73 % de la population vit avec moins de deux dollars par jour dans des zones rurales défavorisées.
Grâce à l’aide extérieure, les autorités multiplient les programmes de lutte contre la pauvreté axés sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, les transports et le développement d’infrastructures urbaines. La situation budgétaire étatique s’est améliorée mais les déficits commerciaux et courants restent lourds alors que les recettes fiscales et douanières chroniquement faibles. Le système économique supporte encore le poids de l’histoire et il reste fort à faire pour restructurer les entreprises d’Etat et créer un véritable secteur privé. D’autres thèmes méritent aussi de l’attention : la régulation commerciale, le droit des consommateurs et de la propriété intellectuelle, l’environnement sanitaire et phytosanitaire. Enfin, le Laos n’échappe pas à la flambée des prix alimentaires et pétroliers et a vu son taux d’inflation, qu’il s’était évertué à faire tomber à 4,5 % l’an dernier, grimper à 10,32 % en glissement annuel en mai.
Le gouvernement laotien est lucide face à ces défis et c’est tout à son honneur. Dans la bouche des représentants venus plaider sa cause à l’OMC, on retiendra des promesses fortes. «
Il ne faut pas s’attendre à une annonce avant 2010 au bas mot. Le dossier laotien n’est à l’examen « que » depuis onze ans – on est loin des records de
Alexandra Voinchet
[1] Selon les critères onusiens que sont le PIB par habitant, le retard dans le développement humain, une vulnérabilité économique et une population de moins de 75 millions d’habitants.
[2] Source : Mission économique française au Laos. Fiche de synthèse du 16 juin 2008 sur la situation économique et financière du Laos.