Retenue en otage par les FARC depuis 2321 jours, Ingrid Betancourt qui était apparue presque à l’agonie en novembre 2007, est enfin libre. Plutôt consensuelle dans ses propos, elle remercia successivement Dominique de Villepin, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, les médias, les associations, Hugo Chavez et plus particulièrement le président Uribe. Il est vrai que ce dernier, qui fut son adversaire politique, a réussi une opération d’exfiltration militaire exceptionnelle permettant la libération d’Ingrid Betancourt et de 7 autres otages.
La stratégie d’Uribe qui consistait depuis toujours à ne pas négocier avec les FARC, avait pourtant fait l’objet de très vives critiques de la part de la famille et des amis de l’ex otage, mais aussi d’une partie de la classe politique française qui la considérait beaucoup trop dangereuse .Nicolas Sarkozy quant à lui s’est opposé à Uribe en prônant la voie diplomatique . Le président Français a en effet toujours été partisan de la négociation avec les FARC et du rapprochement avec Chavez. Bref, de la méthode « soft » qui il est vrai ne lui ressemble pas.
Toutefois, si la stratégie d’Uribe l’a emporté in fine sur celle de Nicolas Sarkozy, deux constats s’imposent. Tout d’abord, que n’aurait on dit si cette opération s’était terminée par un massacre, hypothèse absolument plausible. Ensuite, il serait injuste d’affirmer, à l’instar de Ségolène Royal, que « Nicolas Sarkozy n’est pour rien dans cette libération ». En effet, le Président s’est investi personnellement dans ce dossier et cela, bien avant d’arriver à l’Elysée, avec la ténacité qu’on lui connaît (infirmières Bulgares, Ivan Colonna, la maternelle de Neuilly).
Il a tout d’abord apporté une aide psychologique très précieuse à l’ex otage qui, il faut le rappeler, était informée de tout. Ensuite, son action incessante a permis une forte mobilisation des médias et la très forte visibilité qui en a résulté a sans doute rendu beaucoup plus difficile l’éventuelle élimination d’Ingrid Betancourt. Cette dernière a d’ailleurs affirmé « les médias m’ont probablement sauvé la vie ».
Nicolas Sarkozy n’a jamais tenté de s’approprier cette libération dont il sait pertinemment qu’elle est à 100% Colombienne, il n’était d’ailleurs pas dans l’avion qui s’est rendu à Bogota … Preuve de la tension entre Uribe et Nicolas Sarkozy, ce dernier n’a été informé que dans les dernières minutes de l’opération militaire alors que Bush l’était de longue date !! Le paradoxe est donc criant puisque « l’adversaire » d’hier est le sauveur d’aujourd’hui.
La question se pose désormais de l’avenir d’Ingrid Betancourt. Il est possible que sa ténacité et sa très forte visibilité la conduisent vers la politique française. Néanmoins, il ne faut pas sous estimer la terrible épreuve physique et psychologique qu’elle a subi, et dont les séquelles restent difficiles à évaluer. Elle ne serait en effet ni complètement la même ni tout à fait une autre …
La phrase de la semaine:
«.On pratique en France la diplomatie de la carte de visite, c’est à dire que ce qui est important ce n’est pas le but mais c’est d’être là » de Jean Louis Bourlanges
Jérôme Boué