Allemagne et Euroland : les vaches maigres sont de retour.

Après un bon premier trimestre, soutenu notamment par une formation de stocks exceptionnellement forte, la croissance allemande est bien sur le point de repartir en nette baisse. Après l’espoir de la petite hausse du climat des affaires de l’enquête IFO en mai, c’est bien ce que confirme le fort repli de ce dernier en juin.

En effet, au cours du dernier mois, l’indice synthétique de l’enquête IFO a chuté de 2,2 points, atteignant un niveau de 101,3, un plus bas depuis décembre 2005, c’est-à-dire à une époque où la croissance allemande n’était que de 1,6 % (niveau du glissement annuel du PIB au quatrième trimestre 2005).

Pis, en juin, l’enquête IFO indique une nette dégradation tant de l’indice de la situation présente que de l’indicateur des perspectives d’activité. Ainsi, le premier a perdu 1,8 point et le second accuse une perte de 2,5 points. Avec un niveau de 94,7 en juin, cet indice qui retrace les anticipations d’activité des industriels allemands atteint un plus bas depuis juin 2005.

Dans ces conditions, il faut être clair : la croissance allemande va plonger dans les prochains mois.

Mais ce mouvement n’est pas seulement allemand. Car, bien plus grave que l’enquête IFO, ce lundi 23 juin sera marqué par l’évolution détonante des indices PMI des directeurs d’achat dans l’ensemble de la zone euro. En effet, tant dans l’industrie que dans les services, ces indices, indicateurs avancés de la croissance eurolandaise, ont glissé sous la fameuse barre des 50, qui représente la frontière entre la progression et le recul de l’activité. Ils atteignent respectivement 49,1 et 49,5. L’indice composite de ces deux enquêtes (industrie + services) atteint ainsi un niveau de 49,5, un plus bas depuis que l’enquête existe.

En fait, c’est la première fois depuis juin 2003 que ces deux indices sont simultanément sous la barre des 50. Or, au printemps 2003, le glissement annuel du PIB de la zone euro était de 0,5 % ! C’est dire ce qui nous attend.

Autrement dit, après avoir résisté tant bien que mal à la tempête internationale, la zone euro est bien en train non seulement de s’enliser dans la croissance faible, mais elle risque aussi désormais de plonger dans la récession.

Dans ces conditions, il est clair qu’une augmentation du taux refi le 3 juillet prochain ne ferait qu’augmenter ce risque, sans d’ailleurs réduire les risques inflationnistes qui sont uniquement alimentés par les tensions des prix énergétiques et des matières premières au sens large.

En conclusion, l’Allemagne et la zone euro entrent bien dans une période de vaches maigres, dont la durée risque d’être bien plus longue que certains ne l’imaginent. Et pour cause : la sortie de crise dépendra de la baisse de l’euro, de la baisse du taux refi et du repli du baril. Plus ces trois évolutions, qui sont d’ailleurs intimement liées, tarderont à se mettre en place, plus le rebond sera différé dans le temps. La reprise eurolandaise aura donc lieu au mieux dans un an, voire en 2010.

 

Marc Touati