France : c’est la crise.

 

Cela commence à devenir lassant, depuis environ trois mois et à l’exception de l’étonnante croissance du premier trimestre, les statistiques françaises se suivent et se ressemblent : tout va de plus en plus mal pour l’économie hexagonale.

Après la baisse de la consommation, la chute du climat des affaires dans les services et l’industrie et la dégringolade des mises en chantier, la confiance ou plutôt la défiance des ménages fait de nouveau parler d’elle.

Ainsi, alors qu’après déjà huit mois consécutifs de baisse et quatre mois de dépassement de nouveaux planchers historiques, on pouvait espérer une accalmie, tel n’a pas été le cas. Bien au contraire, puisque le moral des ménages a aggravé son plongeon perdant encore trois points sur le seul mois de mai et atteignant par là même un nouveau plus bas historique, à – 41. Par rapport à son niveau de juin dernier, cet indice affiche ainsi une baisse de 28 points. Là aussi, du jamais vu en si peu de temps depuis que cette enquête existe.

A tel point qu’une question surgit : jusqu’où et jusqu’à quand cette baisse va-t-elle durer ? En attendant d’avoir les réponses, l’enquête de mai a vraiment de quoi nous inquiéter. Et pour cause : tous les indicateurs de celle-ci enregistrent une nette dégradation en mai. A commencer par la perception du niveau de vie en France qui perd quatre points en matière d’évolution passée et cinq points sur le front des perspectives. Il en va presque de même des indicateurs de situation financière personnelle qui perdent deux points.

Conséquence logique de ces craintes aigues, l’indicateur d’opportunité de faire des achats importants se dégrade de nouveau et perd encore deux points en mai, soit une chute de 26 points depuis l’été dernier.

Inutile de préciser que dans tous les cas (à l’exception de l’indice relatif à l’évolution passée de la situation financière personnelle), des plus bas historiques sont atteints.

Mais tels n’est pas forcément le plus grave. En effet, si toutes ces dégradations ne sont pas nouvelles et ne font que confirmer le pessimisme croissant des Français, la nouveauté de l’enquête mai réside dans la forte augmentation des perspectives d’augmentation du chômage. Ainsi, si les ménages restaient jusqu’à présent relativement sereins en matière d’emploi, ils commencent aujourd’hui à craindre le pire, l’indicateur de perspectives d’évolution du chômage ayant bondi de 14 points sur le seul mois de mai, soit une hausse de 25 points depuis juillet dernier.

Dans ce cadre, il faut malheureusement être clair : déjà affaiblie depuis six mois et en baisse marquée depuis deux mois, la consommation des ménages va poursuivre son déclin dans les prochains trimestre. Comme d’habitude, les mesures de déblocage de l’épargne salariale permettront d’éviter la catastrophe, mais la fièvre acheteuse ne renaîtra pas de sitôt dans l’Hexagone.

En d’autres termes : c’est la crise.

Marc Touati