Jusque là ils émergeaient. Ils vont peut-être nous submerger. La montée en puissance de
Impossible de ne pas voir l’avancée du « rouleau compresseur » chinois. En pleine tempête financière, Pékin se vante d’une croissance à deux chiffres. Mieux, les précieuses réserves de son fonds souverain ont perfusé Morgan Stanley qui était au plus mal – après une entrée remarquée dans une autre institution américaine, Blackstone, en septembre dernier. Mais la médaille a son revers : la diversification des investissements des pays émergents, jusque-là concentrés sur l’achat de bons du Trésor américain, est l’une des causes de la chute du billet vert. Qui risque de peser sur les exportations chinoises.
Pékin a tout de même peu à s’inquiéter d’une baisse de la consommation dans les pays occidentaux, troublés par la hausse de l’inflation et où la conservation du pouvoir d’achat est devenue LA priorité des priorités. Au contraire, les produits « Made in China » pourraient davantage séduire des consommateurs qui ont les yeux rivés sur leur porte-monnaie, n’en déplaise à toute tentative de boycott en ces temps pré-olympiques.
La machine à exporter chinoise n’est pas prête de fléchir la cadence L’« usine du monde » a pris en 2004 la place de troisième exportateur mondial jusque là détenue par le Japon, arrivant derrière les Etats-Unis et l’Allemagne. Elle bénéficie pour cela d’un sérieux atout : la sous-évaluation du yuan.
Occidentalisation des modes de vie oblige,
Jusqu’à présent,
Désormais, le pays se passe d’intermédiaires. Il achète des terres africaines – les meilleures disponibles – et y emploie de la main d’œuvre souvent chinoise, parfois locale ; il exploite mines et carrières ; il investit dans des projets pétroliers et gaziers majeurs situés sur tout le continent…
En échange de cet approvisionnement « low cost » et régulier et des faveurs qui lui sont faites,
Enfin, en passant, elle en profite pour envahir les étals des marchés africains avides de gadgets : le « Made in China » trône dans les souks et les boubous. La « désinisation » n’est pas prête d’avoir lieu.
Un réalisme que Mao Ze dung, le fondateur de
Il eut été tout aussi probant de servir l’exemple du Brésil, l’eldorado latino, de la pieuvre russe qui étend ses tentacules dans les secteurs énergétiques ou encore de l’Inde des magnats capitaines d’industrie. Autant d’illustrations du nouvel équilibre économique qui est en train de s’instaurer.
Si les esprits occidentaux pensent encore en termes d’ « émergence » et de « pays en développement », force est de constater que ces nouvelles puissances sont bel et bien là et ont soif de prospérité. L’heure de
Alexandra Voinchet