Visite officielle au Royaume-Uni : Nicolas Sarkozy retrouve une posture présidentielle.

La visite d’Etat au Royaume-Uni  a été le cadre de l’opération de « représidentialisation » engagée par Nicolas Sarkozy depuis le revers électoral des municipales. L’apparat royal et le british protocole ont en effet permis à Nicolas Sarkozy de redorer son image de Président. Ses électeurs, qui avaient voté pour de l’or massif avaient en effet l’impression de se retrouver avec du plaqué… Tout d’abord, le Président a disposé – en la personne de Carla Bruni – d’un atout (cœur) de marque qui ne laissa d’ailleurs pas indifférent nos confrères britanniques. Très élégante et distinguée, la première dame de France qui  s’exprime parfaitement dans la langue de Shakespeare et maîtrise l’art de la révérence, a mérité la comparaison avec Jacky Kennedy. Ce parallélisme ne devrait  pas déplaire au Président qui, depuis longtemps, tente avec plus ou moins de succès de calquer son style sur celui de JFK. 

Mais sur le fond, cette visite est également très importante pour Nicolas Sarkozy. En effet, à 100 jours de la Présidence française de l’UE, le Président souhaite associer le Royaume Uni à la construction européenne qui ne devrait plus uniquement reposer – selon lui – sur le couple franco-allemand. C’est donc une véritable « déclaration d’amour » que Nicolas Sarkozy a adressé au Royaume-Uni devant un auditoire (Lords et parlementaires) visiblement conquis. Il a même annoncé un renforcement de la présence militaire française en Afghanistan (1000 soldats), ce qui ne manquera pas de provoquer l’ire de l’opposition. Le Président a donc sorti le grand jeu, sur le fond comme sur la forme, mais il a aussi soigneusement évité les sujets qui fâchent. Ainsi, la question de la Politique Agricole Commune et le projet de défense européenne ont été occultés … De même, la question essentielle de la ratification du traité de Lisbonne, qui n’a pas encore les faveurs de Gordon Brown, n’a pas été abordée … Le Président en tenue d’apparat a donc sauvé les apparences mais attention à l’effet boomerang car certains sujets ne pourront être évités indéfiniment.

Malheureusement, le répit présidentiel n’aura été que de courte durée puisque dès son retour en France, Nicolas Sarkozy doit faire face aux problèmes de politique intérieure. Les syndicats (CGT, Sud, FSU)  appellent à la manifestation contre la réforme du régime général de retraite et expriment globalement leur désaccord sur la politique économique actuelle. Mais il semble que le Président ait tiré les enseignements de son début de quinquennat puisqu’il envoie désormais le soldat Fillon en première ligne (JT de TF1, interview à l’Express). Comme l’a théorisé Jacques Chirac (expert en la matière), il est très important de  prendre de la hauteur pour éviter les mauvais coups, c’est aussi cela, retrouver « une posture présidentielle ». 

L’ex hyper Président semble donc se diriger  vers  le schéma classique de ces 30 dernières années, celui du Président  au-dessus de la mêlée et du Premier Ministre fusible que l’on use jusqu’a la corde avant de le remercier  pour montrer une inflexion de la politique menée.  Pour l’heure, Nicolas Sarkozy peut encore utiliser la cartouche Fillon et son capital confiance. Mais pour combien de temps ? En effet, dans ce nouveau schéma, le Premier Ministre ne reste pas populaire bien longtemps. Preuve en est, François Fillon perd déjà 3 points cette semaine dans un sondage (LH2 pour Libération), récupérés par un Nicolas Sarkozy de nouveau à la hausse !! Mais Xavier Bertrand, particulièrement apprécié du Président et récemment promus numéro deux de l’UMP, est déjà sur les rangs … A suivre.

 

La phrase de la semaine : « Franchement, si la seule chose que l’on a à me reprocher, c’est le style, cela veut donc dire que sur le fond, il n’y a rien à me reprocher ? J’espère que vous apprécierez l’habit que j’ai fait faire pour la soirée royale ». Nicolas Sarkozy à la veille de sa visite d’Etat en Grande Bretagne

 

rôme Boué