Inadapté. Le constat selon lequel le remède du Fonds Monétaire International arrive toujours en peu trop tard ne date pas d’aujourd’hui. Mais, au regard de la crise qui a éclaté l’été dernier et fait vaciller une grande partie du système financier global, la pilule passe mal et le grand argentier mondial ne peut faire l’économie d’une réforme substantielle et profonde.
Un nouveau rôle ? De nouveaux remèdes ? Oui. Mais lesquels ? Et comment les mettre en place ?
Dominique Strauss-Kahn a, dès son arrivée à la tête de l’institution, clairement annoncé son intention de remettre le malade sur pied en assainissant ses finances et en le modernisant.
Face à l’anémie financière[1], la priorité est tout d’abord à une révision efficace et équitable de la formule des quotes-parts pour une plus juste représentation de tous les membres, une meilleure répartition des contributions financières et une plus grande transparence. Le tout afin d’améliorer la légitimité et la crédibilité de l’institution. Une véritable cure de jouvence qui doit être terminée avant la fin avril.
Augmentation des recettes mais aussi réduction des dépenses (programme d’amaigrissement des effectifs, vente d’un partie du stock d’or sont les premières solutions mises en route par DSK), une préparation indispensable à tout rééquilibrage financier.
Du coup, avec un budget autant « monitoré », la deuxième mission de modernisation du FMI devient un pari encore plus dur à tenir. Il est pourtant indispensable de le réussir pour consolider l’ossature financière internationale et éviter toute pandémie.
Il est souvent reproché au FMI de ne pas avoir su diagnostiquer et corriger les vulnérabilités économiques à l’origine des crises et d’avoir appuyer des thérapeutiques libérales trop envahissantes et astreignantes, outrepassant ainsi son mandat et faisant parfois plus de mal que de bien – d’où son surnom de « pompier pyromane ». Le Fonds entend bien y remédier.
En devenant un « système d’alerte contre les crises », comme vient de le suggérer le britannique Gordon Brown ? Il n’y a là rien d’innovant. Il s’agit en effet déjà d’une des prérogatives du Fonds que d’améliorer la stabilité économique et financière et de responsabiliser davantage les prescripteurs économiques. Le FMI a ainsi multiplié les médicaments – les « facilités » – ces dernières années pour faire face aux turbulences financières qui ont affecté ses membres, depuis notamment la crise asiatique. L’armoire à pharmacie du Fonds est assez bien remplie.
Dès lors, il ne s’agit pas tant pour le FMI d’inventer ex nihilo un corpus de potions alambiquées et dangereuses[2] que de dépoussiérer celles qui sont déjà à disposition et de s’en servir à bon escient.
Un fonctionnement ordonné et efficace des marchés financiers a plus besoin d’un système monétaire international averti qui donne leur juste place à tous les acteurs que d’un techniciste inopérant, engoncé dans ses affaires de famille et sclérosé.
Certes, comprendre cela ne résoudra pas la crise engendrée par les « subprimes » – seul, le FMI ne pourra de toute façon qu’apposer des pansements sur des plaies qui seront longues à cicatriser, tout le monde le sait. Qui plus est, il est un peu tard non ? Car, s’il y a crise, c’est parce que le marché « corrige les erreurs du passé » comme la fièvre tue les microbes.
Mais comme mieux vaut prévenir que guérir, rien ne nous empêche de tirer des leçons de cette expérience pour éviter qu’à l’avenir, quand l’un éternue, tout le monde ne s’enrhume.
Alexandra Voinchet
[1] Le FMI a un budget annuel d’environ 1 milliard de dollars, pour un déficit qui a atteint en 2007 110 millions de dollars et ne devrait cesser de s’alourdir. Il faut dire que la bonne santé des anciens élèves du Fonds ont fait baisser les prêts consentis par l’institution et donc les intérêts. A cela se sont ajoutés en 2007 les remboursements anticipés d’un certain nombre d’Etats, qui ont encore réduit les rentrées d’argent pour le Fonds.
[2] Inutile de rappeler que dans le cas de la crise des « subprimes », c’est la multiplication des instruments financiers qui devaient disséminer le risque qui a contaminé tout le système. Par où l’on voit la perversité du modèle.