France : sans être catastrophique, la situation reste fragile.

Les statistiques économiques publiées aujourd’hui dans l’Hexagone sont à l’image des résultats du premier tour des municipales : ils confirment que la situation reste très fragile sans pour autant être catastrophique, du moins pour l’instant.

En effet, l’augmentation de 0,5 % de la production industrielle en janvier, après une progression de 0,6 % en décembre (contre 0,7 % annoncée en première estimation), indique que l’activité industrielle résiste tant que bien que mal. Néanmoins, elle ne suffit pas pour compenser la forte baisse de novembre, si bien que sur les trois derniers mois, la production industrielle affiche encore une baisse de 0,2 % par rapport aux trois mois précédents.

En outre et surtout, la forte baisse de l’indice décrivant l’évolution de la production passée lors de l’enquête de l’INSEE dans l’industrie en janvier et février indique qu’un repli conséquent de la production industrielle devrait s’observer en février. De même, le recul marqué des perspectives de production de cette même enquête en février montre que le mois de mars devrait également s’avérer difficile.

Dans ce cadre, il ne faudrait surtout pas crier victoire trop vite, pour la bonne et simple raison que les indicateurs avancés de l’activité industrielle indiquent que cette dernière va rester très fragile dans les prochains mois. Et ce d’autant que la nouvelle flambée de l’euro, le ralentissement de la croissance mondiale et européenne, ainsi que la décélération de la consommation dans l’Hexagone vont peser à la baisse sur la production.

Une analyse similaire peut s’appliquer au déficit commercial français. Certes, en janvier, ce dernier s’est réduit de 500 millions sur un mois, à 3,4 milliards d’euros. Néanmoins, comparativement aux 2 milliards mensuels qui prévalaient il y a encore un an, ce niveau demeure extrêmement élevé.

De plus, après avoir atteint 39,560 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2007, un déficit au moins similaire risque de s’observer cette année. En effet, si jusqu’à présent la hausse de l’euro a renchéri la valeur de nos exportations ce qui les mécaniquement augmenté au cours des derniers mois, un effet volume risque désormais de s’observer, tant parce que l’euro trop fort réduit encore davantage la compétitivité de nos exportations mais surtout parce que le ralentissement de la croissance eurolandaise va grever de plus en plus nos exportations.

Seule piètre consolation, le ralentissement de la demande intérieure, notamment en matière de consommation, va réduire la croissance de nos importations. Voilà pourquoi en 2008, le déficit extérieur ne flambera pas autant qu’en 2007, mais restera néanmoins compris entre 40 et 45 milliards d’euros. A l’évidence, il n’y a certainement pas, là aussi, de quoi s’enorgueillir.

 Marc Touati

40 millards d’euros de déficit extérieur et une industrie toujours très molle