Serait-ce le retour de la stagflation dans l’Hexagone ?

Plus les mois passent, plus l’écart se réduit entre l’inflation officielle et la perception qu’en ont les Français.

Certes, de par le traditionnel effet soldes, les prix à la consommation ont baissé en janvier, mais de seulement 0,1 %, contre un repli de 0,3 % en janvier 2007. Mécaniquement, le glissement annuel des prix s’est alors tendu de 2,6 % en décembre à 2,8 % en janvier 2008, soit un plus haut depuis mai 1992.

Autrement dit, les risques de baisse du pouvoir d’achat pour motif inflationniste n’ont jamais été aussi élevés depuis seize ans !

Parallèlement, si l’on se réfère à l’évolution de l’indice des prix harmonisé à l’échelle de l’Union européenne, la reflation française est encore plus forte que celle mesurée par l’INSEE, puisque l’inflation hexagonale atteint 3,2 % en janvier.

Certes, il ne faut pas dramatiser, dans la mesure où les tensions inflationnistes restent principalement dues à la hausse des prix alimentaires et énergétiques (respectivement + 1,4 % et + 0,8 % sur le seul mois de janvier). A l’inverse, les prix des produits manufacturés ont reculé de 1,5 % en janvier et leur glissement annuel demeure proche de zéro, à seulement + 0,3 %. De même, les prix dans les services sont restés sages, n’augmentant que de 0,1 % en janvier et de 2,3 % en glissement annuel.

En outre, les prochains mois devraient bénéficier d’un effet de base favorable puisque, de février à mai 2007, les prix ont fortement augmenté, de 1,4 % précisément. Dans ce cadre, même si le baril reste à 100 dollars, le glissement annuel des prix à la consommation devrait progressivement se replier vers les 2 % d’ici mai prochain.

Corroborant l’ensemble de ces relativisations, le glissement annuel de l’indice sous-jacent, c’est-à-dire l’indice des prix hors énergie et alimentaire, n’a été que de 1,9 % en janvier. Cela confirme que l’inflation n’est pas due à un excès de demande par rapport à l’offre, mais à un choc exogène lié aux tensions internationales sur les prix alimentaires et énergétiques. Vouloir augmenter le taux refi ou ne pas le baisser pour lutter contre cette inflation n’aurait donc aucun sens dans la mesure où la BCE, comme la Fed d’ailleurs, n’a aucun pouvoir sur les cours internationaux du pétrole ou du blé…

En fait, maintenir le taux refi à un niveau trop élevé ne ferait aucunement baisser l’inflation à court terme, mais aggraverait le ralentissement économique français et eurolandais. En d’autres termes, cela ne ferait qu’accroître le risque de stagflation, c’est-à-dire la conjonction d’une stagnation économique et d’une inflation élevée.

Le plongeon de 1,5 % des commandes en valeurs reçues par l’industrie hexagonale en décembre, après une baisse de 1 % en novembre, confirme que ce risque est déjà très élevé.

Dans ce cadre, nous sommes au regret d’annoncer que l’année 2008 sera difficile pour l’économie française et en particulier pour ses ménages qui devront affronter une croissance molle (d’au mieux 1,6 %), un pouvoir d’achat de plus en plus faible, le rationnement du crédit et le dégonflement de la bulle immobilière. Bon courage !

Marc Touati

La staglation est de retour !