Certains l’annonçaient moribond, d’autres en situation de faillite… Eh bien non ! Le consommateur américain n’a pas cessé de dépenser avec la crise du subprime.
Certes, il ne faut pas crier victoire trop vite. En effet, après la baisse de 0,4 % enregistrée en décembre, il était plutôt logique que les ventes au détail retrouvent le chemin de la hausse. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles nous anticipions contre le consensus un rebond de cet indicateur avancé de la consommation des ménages.
Néanmoins, en augmentant de 0,3 % en janvier avec ou sans le secteur automobile, les ventes au détail confirment que la consommation privée qui, rappelons-le, représente plus de 70 % du PIB américain (71,5 % exactement en 2007), n’est pas en train de s’écrouler. Bien au contraire.
Autrement dit, en plus de l’investissement des entreprises qui continue de croître significativement, la croissance du PIB américain pourra également bénéficier de la résistance de la consommation.
Dans ce cadre, le scénario tant craint d’une succession de deux trimestres consécutifs de baisse du PIB (c’est-à-dire une récession) devrait être évité.
Et ce d’autant que la baisse des taux d’intérêt et l’impulsion fiscale validée dernièrement par le Congrès n’ont pas encore joué sur les dépenses des ménages et ne manqueront pas, par là même, de soutenir ces dernières.
A titre de comparaison, rappelons qu’en 2001, lors de la dernière récession américaine, la progression de la consommation des ménages était passée par un creux de 2 % au cours du troisième trimestre 2001. Au même moment, le taux des federal funds était passé de 3,5 % à 1,75 % en moins de six mois, puis l’administration avait consenti un crédit d’impôt de 300 dollars par contribuable en moyenne. Ce double soutien avait alors permis à la consommation de retrouver un niveau de croissance de 3,2 % dès 2002.
Aujourd’hui, la croissance de la consommation est encore de 2,5 % (en glissement annuel au quatrième trimestre 2007), mais le taux des federal funds a été abaissé de 5,25 % à 3 % en cinq mois et le chèque de crédit d’impôt que devrait recevoir en moyenne chaque contribuable sera d’au moins 700 dollars.
D’où une question simple : pourquoi une impulsion monétaire et budgétaire beaucoup plus forte qu’en 2001 n’aurait-elle pas aujourd’hui un impact favorable sur la consommation ?
Certes, le taux d’endettement est un peu plus élevé. Néanmoins, n’oublions pas que l’endettement est LE mode de vie des Américains. Dès lors, tant que cet endettement reste soutenable, notamment grâce à la résistance de l’emploi et par là même des salaires, il n’y a pas de quoi paniquer.
C’est, une fois encore, ce que confirme la résistance des ventes au détail de janvier mais aussi celle des mois à venir. En d’autres termes, la croissance de la consommation restera durablement proche des 2,5 %, puis retrouvera la barre des 3 % à l’horizon du quatrième trimestre 2008.
Voilà pourquoi, nous persistons et signons : nous n’anticipons pas de récession outre-Atlantique, mais une croissance qui remontera progressivement vers les 2,5 % d’ici la fin 2008.
Marc Touati