La confiance des Français sur des planchers historiques !

Pour son anniversaire (qui a certes eu lieu hier), Nicolas Sarkozy aurait certainement préféré un autre cadeau : après déjà six mois de forte baisse, l’indice du moral des ménages calculé par l’INSEE a encore perdu 4 points sur le seul mois de janvier, atteignant un niveau de- 34. Depuis juin dernier, cet indicateur s’est ainsi écroulé de 21 points !

Depuis 2003 et le nouveau mode de calcul de cet indice, il s’agit de la plus forte baisse jamais enregistrée et d’un plus bas jamais atteint ! Et même si l’on reprend l’ancien mode de calcul, il faut remonter à 1995-96 pour retrouver un plongeon similaire. Autrement dit, depuis douze ans, les Français n’ont jamais été aussi inquiets quant à leur avenir.

A l’évidence, l’optimisme de Madame Lagarde quant à l’état actuel et futur de l’économie française tranche avec la réalité du pays et avec la perception qu’en ont ses habitants…

Car, malheureusement, le détail de l’enquête réalisée auprès des ménages en janvier est très mauvais. En effet, les Français sont particulièrement pessimistes quant à leur situation financière passée et à venir, mais aussi quant à leur perception du niveau de vie en France actuel et futur. Dans ces quatre cas, les indices correspondants s’effondrent depuis six mois et atteignent des plus bas historiques. Et ce, malgré la baisse de l’indice relatif aux craintes d’augmentation des prix. En d’autres termes, la vraie inquiétude des ménages n’est pas tant dans l’inflation, mais plutôt dans la faiblesse durable de la croissance, de l’emploi et des revenus.

D’ailleurs, ces craintes rejaillissent sur les perspectives d’achat qui, après avoir déjà perdu 19 points en quatre mois, en cèdent encore deux en janvier. Avec désormais un niveau de – 24, celles-ci atteignent ainsi un plancher historique, qui n’a été enfoncé qu’avec le précédent mode de calcul dans les années 95-96, à une époque où la consommation reculait régulièrement.

Dans ces conditions, il est à craindre qu’après avoir déjà baissé au quatrième trimestre et malgré des ventes de fin d’année et des soldes corrects, la consommation française connaîtra une année 2008 très difficile. Et ce d’autant que comme le montre la baisse de 0,8 % des mises en chantier et l’effondrement de 17,6 % des permis de construire en décembre (chiffres connus aujourd’hui), la bulle immobilière est bien en train de se dégonfler. Ce qui détériorera encore le moral des ménages et grèvera également les dépenses de biens d’équipement du logement qui, depuis six ans, ont été le moteur principal de la consommation des ménages.

Dès lors, nous sommes donc non seulement confortés dans notre prévision d’une croissance de 1,6 % pour cette année et nous pouvons également confirmer que cette prévision est optimiste. Autrement dit, la croissance française 2008 ne sera pas comprise entre 2 et 2,5 % mais entre 1 et 1,6 %. De quoi « permettre » à notre déficit public d’atteindre voire de dépasser les 3 % du PIB dès cette année, au cours de laquelle, hasard des calendriers, la France prendra la présidence de l’Union européenne…

 

Marc Touati