Nicolas Sarkozy Acte II : l’illusion économique.

Nicolas Sarkozy traverse une période difficile: sa cote de popularité est inférieure à celle de Jacques Chirac en 2002 à la même période, 62% des Français estiment qu’il affiche trop sa vie privée, les principaux indicateurs économiques (croissance, inflation, déficit, moral des ménages) sont dans le rouge, et les actions mises en oeuvre ne sont pas à la hauteur des attentes des Français, notamment sur la thématique du pouvoir d’achat. Le porte-parole du gouvernement (Laurent Wauquiez) a même alerté Claude Guéant : « On n’entend plus le Président sur les sujets de la vie quotidienne », il faut « redonner l’image d’un gouvernement en action ».

Nicolas Sarkozy devait donc réagir pour défendre sa politique et casser l’image du Président autocentré qui instrumentalise les médias. C’est ce qu’il s’efforça de faire lors de l’imposante conférence de presse (650 journalistes) du 8 janvier à l’Elysée. Orateur hors pair, Nicolas Sarkozy s’est une fois de plus brillamment illustré dans un style qui lui est propre : ton direct, ayant réponse à tout. Il a principalement mis l’accent sur sa volonté réformatrice à travers une série de réformes « chocs » telles que la suspension des OGM ou la fin de la publicité sur les chaînes publiques. Nouveauté, il a par ailleurs étroitement associé François Fillon et ses ministres à son action : en temps de vaches maigres, il est indispensable d’avoir quelques fusibles à disposition.

Toutefois, on peut déplorer la pauvreté du discours présidentiel en matière de politique économique. Concernant le pouvoir d’achat tout d’abord qui, quoi qu’en disent certains, était un des thèmes principaux de la campagne, la prestation du Président est particulièrement inquiétante. En effet, après avoir minimisé son importance (les Français apprécieront…), Nicolas Sarkozy avoua son impuissance à faire des miracles compte tenu du déficit budgétaire. On est très loin du « choc de confiance » qui avait suscité tant d’espoirs.

Ensuite, face à l’absence de résultats en matière de croissance économique (qu’il devait aller chercher « avec les dents »), Nicolas Sarkozy s’en tire avec une pirouette. Il n’hésite pas à remettre en cause cet indicateur économique en dénonçant son incapacité à mesurer « le bien être ». Il a d’ailleurs créé à ce sujet une énième commission d’étude dirigée par deux Prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz et Amartya Sem. L’illusionniste Sarkozy fait diversion car il semble peu probable que l’extension de la participation aux entreprises de moins de 50 salariés ou l’abolition des 35 heures lui permettent d’atteindre ses objectifs de croissance (entre 2 et 2,5% pour 2008). Peut-être attend-il des propositions révolutionnaires du prochain rapport (23 janvier) de la commission Attali...

La France doit s’adapter à la nouvelle donne économique mondiale (hausse du prix du pétrole et des matières premières, fort ralentissement aux USA, risque de crise bancaire et boursière…) et face à l’ampleur de la tâche, la vacuité du discours présidentiel laisse augurer des lendemains qui déchantent. Nicolas Sarkozy esquive les difficultés, mais il ne tiendra pas éternellement le pays dans l’illusion économique. Trop de poudre aux yeux finira pas faire pleurer les Français…

 

La phrase de la semaine:

« Le débat politique sur le pouvoir d’achat est absurde. Qu’est ce que vous voulez que je fasse ? Que je vide des caisses déjà vides ? Que je donne des ordres aux entreprises à qui je n’ai pas à en donner ?» de Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse du 8 Janvier.

 

rôme Boué