Les dirigeants français, à commencer par le premier d’entre eux, ont beau arborer un large sourire et annoncer que la croissance est sur la bonne voie, les Français n’y croient absolument pas. Pis, ils sont de plus en plus inquiets quant à leur avenir. Ainsi, après avoir déjà chuté de cinq points en novembre et de quinze points depuis juin dernier, l’indice de confiance des ménages calculé par l’INSEE en a encore perdu un en décembre. Avec un niveau de -29, il se rapproche encore un peu plus de son plancher de – 33 atteint en novembre 2005 lorsque la croissance du PIB « culminait » à 1,5 %.
Autrement dit, ni la fin des grèves, ni les fêtes de fin d’année, ni même le nouveau bonheur affiché du Président n’ont permis aux Français de retrouver le sourire. Certes, comparativement aux trois mois précédents, leurs craintes d’augmentation du chômage ont légèrement baissé, tout en restant néanmoins bien supérieures à celles du printemps dernier. De même, si, après avoir atteint un plancher en novembre, les perspectives de niveau de vie en France se sont très légèrement améliorées en décembre, elles restent toujours sur des plus bas historiques.
Mais surtout, les Français apparaissent inquiets quant à leurs situations financières personnelles tant passée que future. Les deux indices atteignent ainsi des planchers et montrent combien les ménages sont fragilisés financièrement. En effet, après avoir fortement augmenté leurs encours de crédit et, pour ceux qui en avaient, puisé massivement dans leur épargne, les ménages n’ont aujourd’hui plus de cartouches pour continuer à dépenser davantage. Et ce d’autant que les conditions de crédits se sont durcies et que les banques sont désormais de plus en plus restrictives en la matière.
Dans le même temps, l’augmentation des prix des biens énergétiques et alimentaires, tandis que l’emploi et les revenus s’accroissent dans une moindre proportion, fait prendre conscience aux Français que leur pouvoir d’achat se dégrade.
C’est certainement là l’un des grands dangers qui menacent la société française pour 2008. Car, jusqu’à présent, les ménages étaient prêts à avaler un maximum de couleuvres, dans la mesure où, en contrepartie d’une pression fiscale forte, ils avaient le sentiment d’être financièrement protégés. Aujourd’hui, la donne a changé, dans la mesure où les Français ont vraiment pris conscience de l’appauvrissement qu’ils sont en train de subir depuis trois ans. Le dernier portrait social de la France décrit par l’INSEE était d’ailleurs sans appel : le niveau de vie moyen s’établit à 1 550 euros par mois en 2005 et pour la moitié de la population, il est inférieur à 1 360 euros. Pis, on observe que depuis 2002, la part de pauvres dans le pays ne baisse plus (12,1 %) et a même augmenté de 0,4 point entre 2004 et 2005 !
On ne peut donc plus mentir aux Français et essayer de leur faire croire que tout va bien et que tout ira encore mieux.
D’ailleurs, au-delà du sentiment de défiance et de crainte dont font preuve les ménages, ils ont déjà commencé à joindre l’acte à
Autrement dit, après avoir déjà baissé de 1,4 % de septembre à novembre et même si un rebond est probable pour les fêtes de décembre et les soldes de janvier, la consommation des ménages risque de connaître une année 2008 très difficile. Selon nos prévisions, celle-ci ne devrait progresser que de 1,7 % cette année, sa plus mauvaise performance depuis 1997. Parallèlement, soutenue à bout de bras par la consommation des ménages depuis 2002, la croissance globale du PIB en pâtira également puisqu’elle ne dépassera pas les 1,6 % ;
En guise de vœux pour cette nouvelle année, de nombreux ménages français devront se contenter de deux mots qui en disent long : Vivement 2009 ! Reste à savoir s’ils pourront attendre 2009 sans engager la société française dans une crise majeure.