Ça y est ! C’est reparti : comme nous le craignions depuis des mois et comme nous l’annonçons depuis deux semaines, la France est retombée dans la grève, le malaise social et plus globalement le désordre. Et ne nous y trompons pas, la réforme des retraites n’est qu’un prétexte. Le mal est bien plus profond : notre « belle France » est désormais menacée par une montée de la violence et par la volonté de casser notre modèle. Autrement dit, pour ceux qui en doutent encore, la France serait bien l’un des derniers pays communistes de la planète, à côté de Cuba (qui a d’ailleurs commencé à changer de bord) et de la Corée du Nord, la Chine n’ayant de communiste que le nom et constituant certainement l’un des pays au monde où la recherche du profit est la plus forte.
Si cette analyse excessive peut susciter le rire, force est malheureusement de constater qu’elle n’est pas dénuée d’une certaine part de vérité. En effet, la France est un pays dans lequel le poids des dépenses publiques dans le PIB (en l’occurrence 56,5 %) figure parmi les plus élevés du globe. Seuls certains petits pays font « mieux » que nous : les îles Kiribati, les Tuvalu, Nauru, la Libye, la Micronésie, et les îles Marshall. Un club « très select », dont l’appartenance n’est vraiment pas aisée…
Le pire est que la France se paie le luxe d’entretenir des dépenses publiques pharaoniques avec pour seuls résultats : une croissance molle, un chômage élevé, un accroissement des inégalités sociales et de la pauvreté. Certains diront alors que, justement, si ces dépenses n’étaient pas là, la situation serait encore plus dramatique. Et c’est justement là que la France commence à sombrer dans le communisme. Car, si pratiquer un laxisme budgétaire depuis trente ans sans résultats positifs peut, à la rigueur, se comprendre pour des raisons bassement politiciennes liées à la volonté des dirigeants politiques d’être élus ou réélus, vouloir encore augmenter la facture devient grotesque et surtout dangereux.
Or, trop peu de personnes en France osent demander la transformation de notre modèle étatiste hypertrophié en un système libéré avec moins de pressions fiscales, budgétaires et réglementaires et, pourquoi pas, un système de retraite modernisé et plus juste. Encore plus grave, au regard de certains sondages, de plus en plus de Français souhaitent engager un mouvement inverse. Camarades, le retour de l’URSS est proche ! En espérant qu’il ne s’agit là que d’une mauvaise blague, cela rappelle que le « toujours plus d’Etat » a la vie longue dans l’Hexagone en dépit de son inefficacité criante depuis trente ans.
Ces tentations vers les extrêmes montrent néanmoins l’ampleur du malaise social qui prévaut dans notre « douce France ». En effet, avec plus de 9,3 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, un revenu médian de 1 735 euros par mois et une augmentation des inégalités, la France apparaît particulièrement menacée par une crise sociale de grande envergure.
Si l’origine principale de ce mal-être réside évidemment dans la crise que traverse le pays depuis 2008, elle relève également de maux ancrés au plus profond de la culture française. En l’occurrence, la méconnaissance des mécanismes économiques, l’hypocrisie face à l’argent, le mépris de la réussite et, synthétisant le tout, la culture de la lutte des classes. Or, cette dernière est certainement le meilleur allié de la pauvreté puisqu’elle revient à figer la société, élevant les uns contre les autres dans un but stérile, voire destructeur.
Ainsi, lorsque certains extrémistes demandent aux Français de détruire notre système, qui n’est certes pas parfait mais que nous pouvons améliorer, ils ignorent ou feignent d’ignorer que ceux qui perdront le plus dans l’écroulement de ce dernier seront justement la classe moyenne qui a déjà payé un lourd tribut. Plutôt que de sombrer dans le populisme et la démagogie, donc la facilité, il serait beaucoup plus opportun de se retrousser les manches, d’inciter au travail, à la réussite et à la montée dans l’échelle sociale. Car, il est clair qu’à force de vouloir tout casser et alimenter la lutte des classes, l’ascenseur social ne montera plus jamais.
Et c’est uniquement parce que j’ai grandi jusqu’à l’âge de 25 ans dans une cité HLM d’Orly dans laquelle 85 % d’une classe d’âge n’avait pas le bac, que je me permets d’en parler. Seulement voilà, si j’ai réussi à m’en sortir, combien y sont restés ? Déjà tendue il y a vingt ans, la situation de ces cités à travers la France a évidemment empiré. Pourquoi ? Tout simplement par manque d’espoir et de perspectives. Aussi, pour sortir la France de sa lutte des classes viscérale et par là même de son immobilisme structurel, il n’y a qu’une seule solution : redonner de l’espoir à une population et à une jeunesse en mal de repères. Et cela ne passera certainement pas par une augmentation des dépenses publiques et des perfusions diverses et variées qui sclérosent la société. Comme diraient nos jeunes : « tout ça, c’est de la flûte ! »
Cela passera, au contraire, par la libération des énergies et de l’esprit d’initiative qui ne pourront s’opérer que par une réduction des pressions fiscales, réglementaires et budgétaires. Pour y parvenir, il faudra également augmenter la culture économique des Français et sortir du vieux carcan anticapitaliste qui est malheureusement trop présent dans les manuels scolaires et ailleurs. Cela permettra notamment de faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes que si le système capitaliste n’est évidemment pas parfait, il est le seul capable de fonctionner, comme l’ont montré les échecs cuisants des autres expériences. Dès lors, ce n’est pas en le détruisant que l’on créera un monde meilleur, mais en améliorant son fonctionnement.
Si nous voulons sortir par le haut de la crise actuelle et éviter que la France sombre dans une révolution sociale, nous savons ce qui nous reste à faire. Mais si nous continuons de refuser de voir la réalité en face et que nous maintenons notre comportement dogmatique, alors la haine et la lutte des classes s’imposeront de plus en plus, ce qui finira par plonger la France dans un marasme sans nom. Nous sommes prévenus…
Marc Touati