Dans le prolongement de notre « Humeur » de la semaine dernière « Vive la bulle ! » qui a suscité de nombreuses réactions, rien de mieux que quelques graphiques pour illustrer les bulles, krachs, re-bulles, re-krachs et re-bulles qui jalonnent l’évolution des marchés financiers, et en particulier boursiers, depuis bientôt quatre ans.
Certes, les bulles, les krachs, les crises font partie intégrante de la vie normale des marchés financiers. Ils sont même des phases d’opportunités pour ceux qui arrivent à prendre du recul et à ne pas tomber dans le mimétisme.
Voici le fichier pdf :
Les bulles, krachs et crises font partie de la vie normale des marchés financiers.
Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf
Sources : NYSE, Euronext, ACDEFI
Depuis 2000, trois grandes bulles ont ainsi marqué l’histoire des bourses occidentales : la bulle Internet, celle des subprimes et celle des années 2017-2019 qui n’a pas vraiment de nom, mais pourrait s’appeler « bulle du numérique et de la planche à billets ».
C’est du moins ce qu’indique la flambée des GAFAM et plus globalement du Nasdaq.
Le drame est que cette dernière bulle est vraisemblablement plus extravagante que les précédentes, mais aussi plus résistantes.
Ainsi, après les deux mini-krachs de 2018 (en février et surtout à l’automne), elle s’est reformée dès le début 2019 pour se redégonfler au printemps-été 2019, avant de repartir de plus belle depuis la fin de l’été.
La bulle du numérique plus forte que la bulle Internet.
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Sources : Nasdaq, ACDEFI
En zoomant sur les trois dernières années, les trois bulles et les trois tempêtes boursières de ces vingt derniers mois confirment bien que le Dow Jones et le Cac 40 sont bien passés dans une phase de « montagnes russes » détonantes, qui, pour l’instant, permet au « bull market » de s’imposer.
De 2017 à 2019 : du « bull » au « bear market » et réciproquement…
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Sources : NYSE, Euronext, ACDEFI
Comme je l’ai déjà évoqué dans ces mêmes colonnes et dans mon dernier livre « Un monde de bulles » (toujours en tête des ventes de sa catégorie sur Amazon.fr, j’en profite d’ailleurs pour vous remercier de votre fidélité), le qualificatif de « bulle » tient au fait que la valorisation des marchés boursiers va trop loin par rapport à la réalité économique.
Une bulle est effectivement un écart cumulatif et auto-entretenu entre la valeur financière d’un actif et sa valeur réelle.
Or, la valeur réelle des marchés boursiers provient de l’état des profits des entreprises cotées, qui émanent eux-mêmes de l’activité de ces dernières et par là même de la croissance économique.
Jusqu’à présent, nous avons ainsi régulièrement montrer le graphique ci-dessous qui représente le décalage qui s’observe depuis 2017 entre la flambée du Dow Jones et l’évolution de la croissance mondiale.
Autrement dit, pour justifier un Dow Jones à 26 000 points et a fortiori à 28 000, comme c’était encore le cas il y a peu, il faudrait que la croissance mondiale dépasse 8 %. Ce qui est évidemment loin d’être le cas.
Et pour cause : la croissance mondiale va tomber à 2,8 % en 2019 et au mieux à 2,5 % en 2020. Même le FMI et l’OCDE, pourtant adeptes du déni de réalité, le reconnaissent depuis quelques semaines.
Le ralentissement de la croissance mondiale justifie le dégonflement imminent de la bulle boursière.
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Sources : FMI, NYSE, Prévisions ACDEFI
Bien entendu, il s’agit principalement là d’une corrélation graphique que nous avons utilisée principalement pour alerter sur l’importance et donc la dangerosité de la bulle boursière.
Pour affiner cette analyse, nous pouvons également nous appuyer sur le graphique ci-après, qui confirme cette même extravagance, en représentant l’évolution comparée du Dow Jones et du PIB mondial en valeur en base 100 en 1997.
L’évolution du PIB mondial en valeur confirme également l’extravagance des valorisations boursières.
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Sources : FMI, NYSE, Calculs et Prévisions ACDEFI
Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 1997, le Dow Jones a progressé de 331 %, tandis que, sur la même période, le PIB mondial en valeur (donc augmenté de l’inflation) a crû de 175 %.
Si des écarts peuvent évidemment se produire, par exemple en phase de krach ou de bulle, il faut noter que, comme le montre le graphique ci-dessus, un tel écart entre la valorisation boursière du Dow Jones et le PIB mondial avec inflation est exceptionnellement élevé.
Autrement dit, soit le PIB planétaire explose à la hausse, ce qui paraît peu probable, soit le Dow Jones et l’ensemble des marchés boursiers vont fortement reculer au cours des prochains mois. Ce qui reste notre prévision centrale.
Mais chut ! Le « bull market » est en pleine euphorie. Et il ne faut surtout pas déranger un taureau surexcité…
Marc Touati