Rien de mieux que quelques graphiques et tableaux pour illustrer nos prévisions de croissance mondiale pour 2019-2020 que nous venons de présenter dans notre « Humeur ».
Que ce soit cette année ou l’an prochain, les deux parents pauvres de la croissance mondiale resteront le Japon et la zone euro.
Dans cette dernière, le dernier indice Sentix a d’ailleurs confirmé le chemin emprunté par les indicateurs des directeurs d’achat, en l’occurrence : de plus en plus bas.
Ainsi, en octobre, l’indice Sentix de confiance des investisseurs dans la zone euro a perdu 5,7 points, ce qui porte sa chute à 28,2 points sur un an et à 49,7 points depuis son précédent point haut de janvier 2018.
Avec un niveau actuel de – 16,8, il tombe désormais à un plancher depuis avril 2013. A l’époque, l’Union Economique et Monétaire était en récession et le glissement annuel de son PIB atteignant – 1,3 %. C’est dire les tristes perspectives qui attendent notre chère zone euro…
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L’indice Sentix annonce un nouvel effondrement du glissement annuel du PIB de la zone euro.
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Sources : Eurostat, Sentix, ACDEFI
Des déconvenues qui sont d’ailleurs déjà présentes au sein de l’activité industrielle, non seulement en Allemagne, mais aussi en France.
Outre-Rhin, la production industrielle est même en train de vivre son cinquième trimestre consécutif de baisse. Quant à son glissement annuel, il s’est stabilisé à – 4 %.
De quoi confirmer que le PIB allemand a bien enregistré deux trimestres consécutifs de baisse, signe d’une nouvelle récession, la troisième en une décennie.
L’Allemagne sombre dans sa troisième récession en une décennie.
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Sources : Destatis, ACDEFI
Si elle n’en est pas encore là, l’économie française est également en souffrance. Et pour cause, en chutant de 0,8 % en août, la production industrielle hexagonale est condamnée à régresser au troisième trimestre 2019, subissant ainsi son deuxième trimestre consécutif de repli.
France : vers une croissance annuelle globale de 0,5 % d’ici la fin 2019.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Son glissement annuel retombe même à – 1,4 %, indiquant que le glissement annuel du PIB français devrait rapidement chuter à 0,5 %.
Au total, sur l’ensemble de l’année 2019, la croissance du PIB devrait avoisiner 1,1 % en France, 0,6 % en Allemagne et 1,0 % dans l’ensemble de la zone euro.
L’Allemagne derrière la France et la zone euro dans son ensemble.
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Sources : Eurostat, Destatis, INSEE, Prévisions ACDEFI
Piètre consolation, le Japon devrait également enregistrer une croissance de 1 %. En revanche, celle des Etats-Unis atteindra vraisemblablement 2,2 %, ce qui constituera une bonne performance, mais néanmoins bien loin des quasiment 3 % atteints en 2018.
Croissance 2019 : 2,2 % aux Etats-Unis et 1 % tant dans la zone euro qu’au Japon.
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Sources : BEA, Eurostat, BoJ, Prévisions ACDEFI
Certes, avec un taux de chômage de 3,5 % en septembre 2019 (un plancher depuis 1969), l’économie américaine continue de bénéficier du plein-emploi.
Etats-Unis : le taux de chômage au plus bas depuis décembre 1969.
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Sources : BEA, BLS, ACDEFI
Cependant, n’oublions pas que l’emploi est une variable retardée de l’activité. Autrement dit, le taux de chômage actuel correspond à la vigueur économique qui prévalait encore au printemps 2019.
Or, depuis quelques mois, les indicateurs avancés de la croissance de l’Oncle Sam commencent à reculer. Non seulement les indices des directeurs d’achat (cf. Economie et Stratégies de la semaine dernière), mais aussi l’indice du Conference Board de confiance des ménages, qui a chuté de 9,1 points sur le seul mois de septembre. Si celui-ci reste encore à un niveau élevé, une telle déconvenue nous impose la plus grande vigilance.
La rechute de la confiance des ménages américains en septembre appelle à la vigilance.
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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI
Une vigilance au moins aussi grande doit être portée sur les économies du monde émergent. Et ce, non seulement sur celles d’Amérique Latine, qui souffrent déjà depuis plusieurs années, mais surtout sur celles de l’Inde et de la Chine qui ont perdu de leur superbe.
Certes, dans l’Empire du milieu, l’indice Caixin des directeurs d’achat dans l’industrie est repassé au-dessus de la barre des 50 depuis deux mois, atteignant même 51,4 en septembre. En revanche, son homologue dans les services est retombé à 51,3 en septembre, un plus bas depuis février 2019.
Chine : l’industrie sort de la zone de récession, mais les services replongent.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
Dans ce cadre, la croissance annuelle moyenne du PIB chinois devrait avoisiner les 6,2 % cette année, avant de reculer vers les 6 % en 2020. Le cas échéant, il s’agira alors de sa plus mauvaise performance depuis 1999.
La situation en Inde s’avère encore plus préoccupante. D’une part, parce que l’indice Nikkei des directeurs d’achat dans l’industrie est passé de 52,7 en mai dernier à 51,4 en août et septembre. D’autre part et surtout, parce que l’indice Nikkei PMI « services » est tombé à 48,7 en septembre, un plancher depuis février 2018.
Dès lors, après avoir déjà baissé de 7,9 % au deuxième trimestre 2018 à 5,8 % au premier trimestre 2019, puis 5,1 % au deuxième trimestre 2019, le glissement annuel du PIB indien pourrait encore reculer jusqu’à la fin 2019.
Inde : la chute de l’activité dans les services fait craindre une nouvelle décélération de la croissance globale.
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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI
Autrement dit, alors qu’elle atteignait encore 8,6 % en 2016, la croissance annuelle moyenne du PIB indien pourrait bien continuer sa descente en pente douce : 7,3 % en 2018, 6 % en 2019 et 5,8 % en 2020.
La Chine et l’Inde ralentissent, entraînant la croissance mondiale dans leur sillage.
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Sources : FMI, NBSC, Mospi, Prévisions ACDEFI
Dans la mesure où la Chine et l’Inde constituent les deux premières locomotives de la croissance mondiale depuis plus de dix ans, il est clair que cette dernière en prendra ombrage. Voilà pourquoi nous confirmons notre prévision d’une croissance mondiale de 2,8 % cette année et de 2,5 % en 2020.
Vers une croissance mondiale de 2,5 % en 2020, un plus bas depuis 2009.
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Sources : FMI, Prévisions ACDEFI
Même si la récession mondiale sera vraisemblablement évitée, il faut tout de même noter que le rythme de croissance internationale de 2020 constituera un nouveau plancher depuis 2009.
Certes, pour l’instant, il n’y a donc rien de dramatique, mais laisser croire que l’économie mondiale va accélérer en 2020 relève de la gageure…
Dès que les marchés le comprendront et l’intégreront, ils subiront immanquablement une réaction épidermique particulièrement négative.
Marc Touati
Prévisions de croissance mondiale pour 2019-2020 :
2,8 % cette année, 2,5 % l’an prochain…
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