La récession se rapproche dangereusement.

Ce n’est désormais plus une prévision, mais une réalité : l’Allemagne et la zone euro sont au bord de la récession.

En effet, qu’il s’agisse des enquêtes des directeurs d’achat ou de celle de l’IFO, une baisse du PIB au troisième trimestre 2019 paraît inévitable.

Il s’agira de la première depuis le premier trimestre 2013 dans la zone euro, mais de la deuxième consécutive outre-Rhin, signe de son entrée en récession.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en septembre, l’indice PMI des directeurs d’achat dans l’industrie allemande a encore « perdu des plumes », tombant à 41,4, un plancher depuis juin 2009, une époque où le glissement annuel du PIB allemand était de – 6,7 %.

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EconomicWorld290919

Allemagne : l’indice PMI dans l’industrie au plus bas depuis juin 2009.

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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI

Le pire est que si jusqu’à présent, la résistance de l’activité dans les services permettait de compenser en partie le marasme industriel, il n’en est rien aujourd’hui. En effet, en septembre, l’indice PMI « services » a perdu 2,3 points, s’affaissant à 52,5.

Conséquence logique de ces deux baisses, l’indice PMI « composite » est passé sous la barre des 50, à précisément 49,1, un plus bas depuis octobre 2012, qui marquait le début de la dernière récession allemande.

Parallèlement, l’enquête IFO de septembre a enfoncé le clou. Certes, l’indice IFO du climat des affaires a progressé de 0,3 point, mais ce petit sursaut est très loin de compenser la chute de 10,9 points enregistrée depuis la fin 2017.

D’ailleurs, avec un niveau de 94,6, l’indice IFO du climat des affaires continue d’annoncer un effondrement du glissement annuel du PIB allemand vers – 1,5 %.

En dépit d’un petit sursaut, l’indice IFO du climat des affaires annonce un glissement annuel du PIB allemand d’environ – 1,5 %.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Mais il y a encore plus inquiétant. Et pour cause : en septembre, l’indice IFO des perspectives d’activité a continué de régresser, atteignant 90,8, un plancher depuis juin 2009.

L’indice IFO des perspectives d’activité sur un plancher depuis juin 2009.

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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI

Autrement dit, il n’est plus possible de se bercer d’illusions : au troisième trimestre 2019, le PIB allemand a encore reculé, confirmant l’enlisement de l’Allemagne dans une nouvelle récession.

Et, malheureusement, cette déconvenue impactera nettement l’ensemble de la zone euro.

D’ores et déjà, les indices PMI des directeurs d’achat de cette dernière ont fortement baissé en septembre, atteignant 45,6 dans l’industrie et 52,0 dans les services.

Zone euro : la récession industrielle s’aggrave et les services craquent…

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Dans ce cadre, l’indice PMI « composite » a perdu 1,5 point sur le seul mois de septembre, tombant à 50,4, un plancher depuis juin 2013.

Le glissement annuel du PIB de la zone euro bientôt en territoire négatif.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Comme le montre le graphique précédent, ce niveau annonce une baisse imminente du glissement annuel du PIB de la zone euro vers – 0,5 %.

Et ce n’est pas l’économie française qui va permettre d’éviter cette triste perspective.

France : malgré les milliards d’euros de dérapages budgétaires, les indicateurs PMI replongent nettement.

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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI

En effet, après une légère embellie liée principalement aux dérapages budgétaires hexagonaux, les indices PMI ont déjà repris le chemin de la baisse, tant dans les services que dans l’industrie.

L’indice INSEE dans l’industrie française va d’ailleurs dans le même sens.

L’indice INSEE du climat des affaires dans l’industrie française reste moribond.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Seule petite lueur d’espoir, l’indice INSEE du climat des affaires dans l’ensemble des secteurs d’activité a gagné 0,9 point en septembre, à 106,2. Un niveau qui n’est cependant pas exceptionnel, puisqu’il ne fait que confirmer une croissance française de 1,3 % sur l’année 2019. A l’évidence, ça fait cher payer le dixième de point de croissance.

La croissance de 1,3 % du PIB français en 2019 est confirmée.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Enfin, pour terminer ce tour d’horizon des indicateurs avancés, ceux du Japon et des Etats-Unis ont également souffert en septembre.

Dans l’Archipel nippon, l’indice PMI « industrie » est ainsi tombé à 48,9 et son homologue dans les services à 52,8. De quoi confirmer que l’économie japonaise continue de flirter avec la récession.

Japon : la récession de nouveau à l’horizon.

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Sources : BoJ, Jibun Bank, ACDEFI

Du côté des Etats-Unis, les indicateurs PMI des directeurs d’achat ont surpris en rebondissant légèrement en septembre, mais demeurent néanmoins très bas : 51 dans l’industrie, 50,9 dans les services et 51 pour l’indice « composite ».

Rien de très dramatique, mais suffisamment pour annoncer une baisse du glissement annuel du PIB américain vers 1,5 % d’ici la fin de l’année.

Etats-Unis : malgré un petit rebond en septembre, les indicateurs PMI restent faibles tant dans l’industrie que dans les services.

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Sources : BEA, Markit, ACDEFI

En conclusion, entre les baisses du PIB à venir en Allemagne, dans la zone euro et au Japon, la forte décélération en France et aux Etats-Unis, sans oublier un scénario identique en Chine et en Inde, il faut se préparer à des lendemains difficiles pour la croissance mondiale.

Marc Touati