Est-ce une conséquence indirecte des risques de montée du protectionnisme international, une évolution logique après dix de croissance quasiment ininterrompue ou les deux à la fois ? Toujours est-il que l’industrie mondiale se rapproche dangereusement de la récession.
En fait, cette dernière a déjà commencé ou est sur le point de s’installer dans dix-huit pays. C’est du moins ce qu’indiquent les dernières enquêtes des directeurs d’achat.
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Dix-huit pays sont entrés ou sur le point d’entrer en récession industrielle.
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Sources : Markit, ACDEFI
L’indice « Monde » a ainsi perdu 0,4 point en septembre, atteignant désormais 52,2 un plus bas depuis novembre 2016.
Le tableau précédent montre d’ailleurs l’ampleur des dégâts, y compris dans des pays qui étaient jusqu’à récemment habitués à la vigueur industrielle, et en particulier la Pologne, Taïwan, le Vietnam ou encore l’Espagne.
A côté de Hong Kong, l’Afrique du Sud, Singapour ou la Russie qui sont en situation de récession depuis plusieurs mois, un pays se distingue par la gravité de sa récession industrielle, en l’occurrence la Turquie.
En effet, en septembre, après déjà cinq mois sous la barre des 50, l’indice PMI turc a chuté à 42,7. Il s’agit d’un plus bas depuis avril 2009, qui laisse anticiper un glissement annuel du PIB de la Turquie d’environ – 2 % d’ici la fin 2018.
La Turquie plonge vers la récession.
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Sources : OCDE, Markit, ACDEFI
Même si elle apparaît beaucoup moins profonde, la déprime industrielle est également présente au sein de la locomotive de la croissance mondiale, en l’occurrence la Chine. Et pour cause : en septembre, l’indice Caixin des directeurs d’achat de l’industrie chinoise est tombé à 50. Et même si l’indice dans les services a étonnement rebond en septembre, cette évolution confirme que la croissance de l’Empire du Milieu va inévitablement ralentir sous les 6,5 % d’ici la fin 2018.
Ce n’est certes pas catastrophique, mais aura inévitablement des conséquences négatives sur l’industrie planétaire et avec elle l’ensemble de la croissance mondiale.
La Chine au bord de la récession industrielle.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’Inde et le Brésil semblent, pour le moment, protégés de la récession industrielle. En revanche, c’est l’activité dans les services qui y souffre fortement. Au Brésil, l’indice PMI « services » est ainsi tombé à 46,4, un plus bas depuis février 2017, lorsque la récession faisant encore rage.
La Brésil de nouveau menacé par la récession.
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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI
En Inde, si l’indice PMI « industrie » a gagné 0,5 point en septembre, à 52,2, son homologue dans les services en a perdu 0,6, retombant à un niveau inquiétant de 50,9.
Autrement dit, après la bonne surprise du deuxième trimestre, le PIB indien devrait nettement ralentir sur l’ensemble du second semestre 2018.
La croissance indienne devrait nettement ralentir au second semestre 2018.
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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI
Dans la zone euro, la dichotomie industrie-services reste à l’avantage des seconds. Toujours est-il que l’indice Markit « composite » est reparti à la baisse en septembre.
En reculant à 54,1, il retrouve ainsi son niveau de mai 2018, qui était lui-même un plus bas depuis novembre 2016. De quoi confirmer que le glissement annuel du PIB eurolandais va bien passer sous 1,5 % d’ici la fin 2018.
La croissance eurolandaise se dirige vers 1 % pour la fin 2018.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Si tous les pays de la zone euro connaissent une baisse de leur indice PMI « industrie » (à l’exception des Pays-Bas), trois d’entre eux se distinguent par la faiblesse de leur activité industrielle, à savoir, la France et surtout l’Espagne et l’Italie.
France-Espagne-Italie : le tiercé perdant de l’industrie eurolandaise.
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Sources : Markit, ACDEFI
Certes, pour le moment, l’activité dans les services semble en mesure de contrecarrer les turbulences industrielles, mais la prudence doit rester de mise. Et ce, en particulier en Espagne où l’activité décélère nettement tant dans les services que dans l’industrie.
Zone euro : l’activité dans les services se reprend sauf en France et surtout en Espagne.
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Sources : Markit, ACDEFI
En septembre, les indices espagnols ont ainsi atteint des niveaux de 51,4 dans l’industrie et 52,5 dans les services. Il s’agit de planchers depuis respectivement août 2016 et novembre 2013.
Des évolutions qui montrent qu’après avoir brillé par sa reprise en 2015-2016, puis sa résistance en 2017, la croissance espagnole pourrait bien, à son tour, retomber vers 1,5 % au cours des prochains trimestres.
L’économie espagnole au plus bas depuis 2012.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Mais l’économie la plus menacée reste celle de l’Italie, avec un indice PMI « industrie » de 50. Et même si l’indice « services » a surpris par son petit rebond, celui-ci reste insuffisant pour éviter une croissance du PIB italien inférieure à 1 % d’ici la fin 2018.
Italie : les services résistent, mais l’industrie s’enfonce vers la récession.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Pour ne rien arranger, l’indice PMI composite « Monde » est passé de 53,4 en août à 52,8 en septembre, un plus bas depuis septembre 2016.
Autrement dit, après avoir reculé de 3,8 % en 2017 à environ 3,2 % cette année, la croissance mondiale pourrait bien tomber sous les 3 % l’an prochain.
Marc Touati