Bernard Squarcini, de la DCRI au tribunal…

Bernard Squarcini est un grand flic, un as du renseignement. Longtemps numéro deux des RG sous la direction du sulfureux Yves Bertrand, il fut logiquement pressenti pour remplacer ce dernier en 2004 lors de son départ à la retraite. Seulement voilà, ce changement à la tête d’une administration que beaucoup considèrent comme une police politique intervint en pleine guerre Chirac-Sarkozy… Squarcini dit « le squale » a toutes les qualités requises pour prendre la tête des RG et est même de loin le plus compétent mais il est lourdement handicapé par un défaut de taille : sa proximité avec Nicolas Sarkozy … Une telle nomination se fait sur proposition du ministre de l’Intérieur mais doit être ratifiée par le président de la République et Chirac met son veto. Le préfet Hugues Parant sera proposé par le « clan Chirac » mais Sarkozy n’en veut pas car c’est le fils de Philippe Parant, ancien patron de la DST et proche du Président…  C’est la guerre au plus haut niveau de l’Etat. Finalement un compromis est trouvé et le préfet de la région Ouest Pascal Mailhos, « Chiraco et Sarko compatible » mais qui  ne connait rien au renseignement, rafle la mise.

Bernard Squarcini le vivra extrêmement mal et comme pour Claude Guéant, qui échappa au poste de préfet de Police de Paris à cause de Chirac, ceci contribuera à le souder encore plus à Sarkozy face au clan ennemi : Chirac-Villepin-Philippe Massoni. Mais le  vent tournera en faveur du « squale » qui sera nommé par Sarkozy à la tête de la DST en 2007 puis de la DCRI (fusion des RG et de la DST) en 2008.   

Parmi ses faits d’armes, on notera l’arrestation des terroristes du GIA en 1995 et la capture d’Yvan Colonna, le meurtrier du préfet Erignac. Squarcini qui fait partie de la garde prétorienne de Nicolas Sarkozy, se retrouvera d’ailleurs à l’instar de son patron dans le listing Clearstream au-dessus duquel l’ombre de Dominique de Villepin a longtemps plané. Villepin écarté de la course à la Présidence de la République suite à l’affaire du CPE et Sarkozy prenant la tête de l’Etat pour cinq ans, Squarcini est désormais en « odeur de sainteté » et tout semble lui sourire. Cela ne durera pas. Accusé de « collecte frauduleuse de données personnelles » il s’est récemment retrouvé sur le banc des accusés. On lui reproche en effet d’avoir épluché les « fadettes » d’un journaliste du monde qui avait publié un procès-verbal mettant en cause le ministre du budget Eric Woerth dans l’affaire Bettencourt. Pour se défendre, l’ancien patron de la DCRI n’évoque rien de moins que la sécurité nationale et les intérêts supérieurs de la nation.

En réalité il s’agissait bien de savoir qui au ministère de la justice cherchait à déstabiliser Eric Woerth, candidat potentiel dans la course à Matignon face à la Garde des sceaux Michèle Alliot Marie. Risquant théoriquement 300 000 euros d’amende et une peine de prison de cinq ans, « le squale » fut condamné à payer 5000 euros. Bien que l’ancien patron de la  DCRI s’en défende bec et ongle, l’ombre de Nicolas Sarkozy alors aux commandes plane sur cette nouvelle affaire. Cela n’est pas sans rappeler les écoutes illicites de François Mitterrand qui cherchait à protéger le secret de sa fille cachée Mazarine aux frais du contribuable. Cette fois, Bernard Squarcini et très probablement sa hiérarchie ont confondu une affaire d’Etat avec une affaire de l’Etat. Une affaire de plus qui va certainement alimenter le rejet d’une majorité de Français envers ces puissants qui les gouvernent.    

 

La phrase de la semaine :

«Réformer, je ne fais que ça ! » de Jean Marc Ayrault.

 

rôme Boué