Cellule de crise et de « regrisement » pour Nicolas Sarkozy.

La politique est une drogue dure dont il est difficile d’être sevré… Du fait de sa personnalité et de sa nature profonde, gageons que ce fut encore plus dur pour Nicolas Sarkozy que pour un autre. Hyperactivité, omniprésence, star-system, etc… L’ancien président de la République s’est dopé au pouvoir à hautes doses pendant cinq ans. Bien qu’il consulte énormément dans ses bureaux rue de Miromesnil, il est néanmoins soumis depuis sa défaite à un régime médiatique et à une cure de silence draconienne.

La décision du Conseil Constitutionnel de rejeter ses comptes de campagne change les paramètres de l’équation de son éventuel retour dans l’arène politique. Ainsi, sa participation au bureau politique de l’UMP lui a donné l’occasion de prendre un « rail de cocaïne politico-médiatique » en s’affirmant comme le leader naturel de sa formation politique. Certes, il assume ses responsabilités et fait preuve de solidarité face aux difficultés financières que rencontre l’UMP, mais cela lui donne également une opportunité en or d’occuper le terrain laissé à Fillon et cela en toute légitimité. L’effet fut d’ailleurs impressionnant puisque c’est en véritable « rock star » que Nicolas Sarkozy a refait surface face à des militants et des sympathisants qui étaient sans doute autant en manque que lui. Serrer des mains, sentir la foule qui l’acclame et le plébiscite représentent un bonheur sans égal après une abstinence aussi longue. Le seul qui n’était pas vraiment à la fête fut François Fillon qui endossait plus que jamais le costume de « droopy » qui lui colle à la peau.

Europe, croissance, crise des idées politiques, c’est quasiment un discours de politique générale qui a été prononcé par l’ancien chef de l’Etat. Pour autant, il ne s’agissait pas d’un retour en politique, ce fameux « come back » qui alimente tous les fantasmes et toutes les spéculations à gauche comme à droite. Cet exploit que Nicolas Sarkozy réaliserait en étant à nouveau élu Président de la République en 2017, une première dans l’histoire de la cinquième République, un record pour celui qui aime tant les analogies sportives. Alors qu’une intervention télévisée était envisagée, une question demeure : était-il opportun vis-à-vis des Français de redescendre dans l’arène suite à une sanction ?

La réponse est non si l’on estime que ce contexte écorne encore un peu plus l’image de l’ancien président déjà bien malmenée. Mais a contrario, elle permet à Sarkozy de se poser en victime : après Karachi, les sondages de l’Elysée, la Libye, l’affaire Bettencourt ou encore l’arbitrage Tapie, cette sanction serait une preuve de plus du complot visant à l’abattre politiquement. Or, et il l’a prouvé à maintes reprises, l’ancien président n’est jamais aussi fort que dans l’adversité qui lui permet de se transcender. Mais si sa popularité auprès des militants et des sympathisants UMP est indéniable, le problème de Nicolas Sarkozy est bien de reconquérir le cœur des Français en démontrant notamment qu’il a changé. Une véritable reconquête comme cela arrive dans un couple. Rappelons que le vote de 2012 n’a pas été en faveur de François Hollande mais bel et bien contre Sarkozy… L’ancien président pourrait ainsi bénéficier de la débâcle probable à gauche aux municipales et aux Européennes pour apparaitre comme l’homme providentiel dont le pays a besoin. Le parcours du combattant s’annonce toutefois encore bien long…

 

La phrase de la semaine :

« Je suis la cible de tous les pouvoirs. Pouvoirs médiatique, judiciaire et gouvernemental. Ils veulent tous restreindre ma liberté et asphyxier l’opposition. Mais ils n’ont fait que me rendre ma liberté et renforcer la cohésion de l’UMP. » Nicolas Sarkozy.

 

rôme Boué