Manuel Valls marche-t-il dans les pas de Nicolas Sarkozy ?

Le phénomène est suffisamment rare pour être souligné : Manuel Valls est ministre de l’Intérieur et, pourtant, c’est une « star ». Les derniers sondages montrent même qu’il demeure la personnalité politique favorite des Français. Il est populaire dans la grande maison qu’il dirige ainsi qu’au sein du gouvernement et il parvient même à obtenir les louanges de certains membres de l’opposition. Pourtant, le poste de premier flic de France est peut-être l’un des plus ingrats et des plus difficiles de la République, une fonction qui ne rime pas avec popularité… Cela, Jacques Chirac l’avait bien en tête lorsqu’il proposa à Nicolas Sarkozy de prendre les commandes de la place Beauvau en 2002. Il s’agissait en effet d’un poste piège mais que Sarkozy sut utiliser comme un tremplin pour faire son auto promotion dans l’optique des présidentielles de 2007.

Aujourd’hui, force est de constater qu’il y a beaucoup de similitudes entre l’ex-maire de Neuilly à l’époque où il était responsable de la sécurité des Français et Manuel Valls. Comme Nicolas Sarkozy, celui qui fut l’adversaire de François Hollande aux primaires socialistes vise Matignon, puis l’Elysée. Ainsi, il affirme : « Si demain, on me proposait d’autres responsabilités, je les assumerais, bien évidemment. J’ai toujours pensé que j’avais la capacité d’assumer les plus hautes responsabilités de mon pays». Comme Nicolas Sarkozy, il est très charismatique et sait susciter l’adhésion. Ce sont également tous les deux de grands communicants qui multiplient les interventions sur le terrain et les « coups médiatiques ». Valls, comme l’ex-président de la République, a bien compris que faire c’est bien, mais qu’en politique, faire savoir c’est encore mieux… Nous sommes effectivement à une époque où l’image et la communication prédominent et où la perception des actes prend souvent le dessus sur leur réalité. Mais la comparaison ne s’arrête pas là car il existe des similitudes au niveau de leur personnalité. Ainsi, il est de notoriété publique que Valls est un impulsif, « soupe au lait » à classer dans la catégorie des colériques. Cependant, leurs caractères bouillonnants respectifs sont à la fois leurs meilleurs alliés dans ce monde impitoyable qu’est la politique, mais aussi leurs pires ennemis.

Enfin, et bien qu’il s’en défende, l’actuel locataire de la place Beauvau qui connaît l’importance des statistiques en période d’insécurité, a par la force des choses la culture du résultat. Malheureusement pour lui sur ce point, son bilan n’est pas des plus brillants… Les dernières publications montrent que les principaux indicateurs de la délinquance repartent à la hausse en mai : cambriolages, vols à la tire, vols avec violence, violences sexuelles ou encore destructions et aggravations. Seuls les vols d’automobiles et les braquages de banques reculent. Certes, Manuel Valls n’est en poste que depuis un an et son action doit être jugée dans la durée mais cet argument n’a que peu d’impact sur les Français qui, et c’est le moins qu’on puisse dire, ne se sentent pas totalement en sécurité. Autre pierre dans le jardin du ministre de l’Intérieur, Christiane Taubira dont le laxisme nuit fortement à l’image de fermeté qu’il entend imposer. Soumis à la solidarité gouvernementale, Manuel Valls n’a pas beaucoup de marges de manœuvre, soit il se soumet, soit il se démet.    

En outre, le risque d’explosion sociale est de plus en plus fort, annonçant des lendemains difficiles pour le premier flic de France. Tout d’abord, du fait de la situation économique qui va encore se dégrader avec comme corollaire une explosion du chômage. Ensuite, du fait du climat délétère des affaires qui pleuvent sur des hommes politiques accusés de détournement et d’enrichissement personnel, attisant la défiance des Français à l’égard de la classe politique, à une période où ils sont contraints de se serrer la ceinture. Comment Valls réagira-t-il dans la tourmente ? Nul ne le sait mais il est certain que ce dernier n’est pas sorti grandi de l’épisode des casseurs de la manifestation place du Trocadéro et qu’il est de fait attendu au tournant. Certes, il faut mettre à son actif l’arrestation du braqueur Redoine Faïd et celle d’un islamiste agresseur d’un militaire dans le quartier de la Défense, mais bien souvent nos compatriotes retiennent davantage les dérapages que les succès… Enfin, le temps politique ne joue pas en la faveur de celui qui se rêve d’un destin à la Sarkozy. En effet, comme Hollande se représentera en 2017, il faudra attendre 2022 pour l’ambitieux ministre de l’Intérieur autant dire une éternité en politique….

 

 

La phrase de la semaine :

«Il faut bien comprendre que la crise dans la zone euro est terminée.» François Hollande lors de sa visite au Japon.

 

rôme Boué