Suite au discours fondateur de la Mutualité dans lequel François Fillon a officiellement dévoilé ses ambitions présidentielles en s’émancipant de Nicolas Sarkozy, on attendait une réaction de Jean-François Copé, mais hormis quelques petites phrases assassines de la part de ses lieutenants, il n’en fut rien… Non seulement le maire de Meaux s’est laissé « voler la vedette » mais il est quasiment inexistant depuis lors.
Pourtant, la France a plus que jamais besoin d’une opposition forte et constructive et ce notamment dans les domaines de l’économie et de la sécurité. La situation est grave et on est désormais bien au-delà du manque de confiance puisque on peut aujourd’hui parler de peur et de résignation des Français face à l’impuissance du pouvoir en place. En effet, après avoir fortement critiqué Nicolas Sarkozy sur ses méthodes et sur sa culture du résultat, François Hollande ne parait pas être à la hauteur de sa tache. Afin d’enrayer la défiance dont il fait l’objet, notre nouveau Président a entamé une opération reconquête qui – loin de rassurer – n’a fait que confirmer sa très forte impopularité. Là aussi, Jean-François Copé, qui veut incarner l’opposition face au pouvoir en place, n’a absolument pas réagi. Lui dont Nicolas Sarkozy est le modèle, lui que l’on dit très énergique, volontariste, homme de terrain censé incarner l’action, ne joue absolument pas son rôle. Alors pourquoi cet effacement ?
Nicolas Sarkozy « le commandeur » qui souffle le chaud et le froid pourrait bien en être la cause. Ainsi, ce dernier a laissé entendre qu’il n’avait pas envie de revenir mais que la déliquescence du pays et le manque de leadership à droite l’obligeraient à revenir par devoir. Alors que le bateau prend l’eau de toutes parts, que le capitaine actuel qui n’a pas de cap clair dans la tempête a perdu la confiance de l’équipage, l’ex-Président de la République estime qu’il est l’homme providentiel, le seul capable de sauver le navire du naufrage. Il est vrai que Nicolas Sarkozy se situe toujours devant Fillon et Copé dans les sondages… Qui plus est, il vient de repasser devant François Hollande dans les enquêtes d’opinion. Ainsi, selon le dernier baromètre IFO pour Paris Match classant les personnalités préférées des Français, Nicolas Sarkozy obtient 53 % et François Hollande 44 %. D’ailleurs, la virulence des réactions à gauche devant un retour potentiel du Président défait nous prouve que ces derniers prennent la menace très au sérieux.
Il est probable que la bonne cote de popularité du rival malheureux de François Hollande à l’élection présidentielle freine considérablement l’envol de Jean-François Copé. En effet, ce dernier a toujours laissé entendre qu’il se rangerait derrière l’ancien Président si ce dernier prenait la décision de revenir. C’est bien là le cœur du problème pour le président de l’UMP: il ne peut d’un côté briguer la magistrature suprême, tout en étant assis sur un siège éjectable actionnable à tout moment en cas de retour de Sarkozy. A l’inverse, en se mettant au même niveau que celui dont il fut le Premier ministre pendant cinq ans, François Fillon a pris la bonne décision. Malheureusement pour Copé, n’est pas Sarkozy qui veut, et les militants ainsi que les sympathisants UMP préfèreront toujours l’original à la copie. De fait, tant que l’ombre d’un retour de Nicolas Sarkozy planera au-dessus de sa tête, Jean-François Copé ne pourra pas atteindre sa vitesse de croisière.
La phrase de la semaine:
«On juge une politique à la fin, à ses résultats. Je demande à être jugé à la fin». François Hollande.
Jérôme Boué