Pas de Saint-Valentin pour la croissance française.

 

La claque est de taille : le PIB français a reculé de 0,3 % au quatrième trimestre 2012 et a stagné sur l’ensemble de l’année. Il s’agit là de ses plus mauvais résultats depuis 2009. Mais ce n’est malheureusement pas tout. Ainsi, sur les quatre trimestres de 2012, le PIB français a reculé trois fois : au premier, puis au deuxième et enfin au quatrième. C’est donc désormais officiel, compte tenu de la révision des chiffres opérée par l’INSEE, la France est entrée en récession dès le premier trimestre 2012 et s’y est enfoncée au quatrième.

Même si la situation est, pour l’instant, un peu moins grave que dans les pays d’Europe du Sud, la France connaît donc aussi un « W », c’est-à-dire qu’après une première récession en 2009, puis une toute petite reprise en 2010-2011, une seconde récession est arrivée en 2012. Dans la mesure où cette dernière n’est pas près de se terminer, il est donc possible de dire que la France subit non plus une récession mais une dépression.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : par rapport au premier trimestre 2008 (c’est-à-dire juste avant le début de la crise), le PIB français recule de 1,1 % et l’investissement des entreprises chute de 8,5 %. Même la consommation des ménages a déposé les armes. Ainsi, après avoir été le moteur indéfectible de notre économie pendant une quinzaine d’années, elle a reculé de 0,3 % depuis son point haut du quatrième trimestre 2010.

Conséquence logique de cette descente aux enfers, l’emploi ne cesse de se dégrader. Après déjà plus d’un an de baisse quasi-ininterrompue, celui-ci a encore reculé de 0,2 % au quatrième trimestre 2012. Depuis le début 2008, on recense ainsi 402 300 destructions d’emplois nettes dans l’Hexagone.

Et tous les secteurs d’activité sont concernés : industrie, construction, services, on ne crée plus d’emplois nets nulle part depuis la mi-2012. La situation est évidemment la plus grave dans l’industrie qui a détruit, à elle seule, 329 000 emplois nets depuis 2008 et 832 000 depuis 2001.

En dépit d’une augmentation massive des dépenses publiques, la France n’a donc pas été capable de redresser la barre et s’est, au contraire, enfoncée dans une crise sans précédent, qui devrait encore s’aggraver en 2013.

D’ores et déjà, compte tenu de la forte baisse du PIB fin 2012, l’acquis de croissance pour cette année est négatif, en l’occurrence – 0,2 %. Cela signifie que même si le PIB français stagne au cours des quatre prochains trimestres, il reculera de 0,2 % sur l’ensemble de l’année 2013. Parallèlement, pour atteindre l’ancienne prévision gouvernementale d’une croissance annuelle de 0,8 %, il faudrait que le PIB augmente d’environ 0,4 % sur chacun des quatre trimestres de cette année. Nous en serons donc loin. Et pour cause, selon nos estimations, il devrait encore reculer d’au moins 0,2 % sur l’ensemble du premier semestre 2013.

Autrement dit, même si une reprise de rattrapage s’opère au second semestre, la variation du PIB hexagonal en 2013 ne devrait pas être de 0,8 % (comme s’est obstiné à annoncer pendant trop longtemps le gouvernement), ni de 0,3 % (comme prévu par le FMI et la Commission européenne), ni même de 0 %, mais d’au mieux – 0,3 %.

Dans ce cadre, le taux de chômage va encore augmenter et devrait avoisiner les 12 % fin 2013 (selon la définition d’Eurostat). Parallèlement, le ratio déficit public / PIB sera d’environ 4 %. Quant à la dette publique, elle devrait atteindre la barre psychologique des 100 % d’ici la fin 2013.

Devant autant de dérapages, il est donc clair que la note de l’Etat français sera fortement dégradée dès le printemps prochain, avec forte augmentation des taux d’intérêt obligataires à la clé. Ce qui ne manquera évidemment pas d’aggraver encore le marasme économique.

Il faut donc espérer que, face à un tel drame, le gouvernement fera un virage à 180°, vers moins de fiscalité confiscatoire et moins de dépenses publiques de fonctionnement. Sinon, après l’Irlande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, et l’Italie, la France sera aussi attaquée en 2013 par le « grand ennemi » de François Hollande, en l’occurrence les marchés financiers, qui ne sont finalement que les principaux créanciers de l’Etat français. On ne parlera alors plus de Saint-Valentin, encore moins de mariage, mais plutôt de divorce, avec pertes et fracas…

 

Marc Touati