DSK-Sarkozy : les “peopolitiques”

 

Dominique Strauss-Kahn, ex-directeur du FMI et Nicolas Sarkozy, ex-Président de la République, bénéficient désormais – et pour des raisons différentes – d’une médiatisation inversement proportionnelle aux responsabilités qu’ils exercent, ce qui peut leur conférer le statut de « peopolitique ».

DSK tout d’abord, dont les déboires sont suivis comme autant d’épisodes d’un feuilleton télévisé qui semble ne pas lasser une partie de la population toujours avide de révélations croustillantes. Alors que depuis sa séparation avec Anne Sinclair, son actualité était plutôt calme, la « série TV » est repartie de plus belle avec l’épilogue de l’affaire Nafissatou Diallo. Alimentant les fantasmes les plus exubérants au départ, la somme versée par DSK s’est avérée être finalement plus proche d’un million de dollars.

Mais à peine l’ancien candidat putatif à l’élection présidentielle avait-il eu le temps de reprendre son souffle que l’affaire du Carlton de Lille refaisait surface avec une mise en accusation pour proxénétisme à la clé. Heureusement que ce dossier aussi sensible que de la nitroglycérine n’a pas explosé en pleine primaire socialiste ou pire, durant l’élection présidentielle elle-même. Autant dire que l’irruption de «Dodo la Saumure» dans la campagne aurait fait quelque peu désordre… En revanche, cela aurait grandement fait les affaires de la droite qui a considéré que la détonation DSK avait eu lieu trop tôt. Celui à qui tout souriait est donc passé du « côté obscur de la force », drainant son lot de dramaturgie. En effet, lui qui se voyait comme l’homme providentiel que la gauche attend désespérément depuis le départ de François Mitterrand lutte aujourd’hui pour éviter de passer par la case prison. Une fois de plus, la réalité dépasse la fiction et personne n’aurait pu imaginer un tel scénario.

Celui qui se voit lui aussi comme l’homme providentiel et qui est également sous le feu des projecteurs, c’est Nicolas Sarkozy. Bien qu’à l’exception de son siège au conseil constitutionnel, il n’ait plus de responsabilité, ce dernier est plus que jamais une superstar médiatique dont on guette les apparitions, les déplacements ou les déclarations.

Dans un autre registre que DSK notre « peopolitique » a également eu son lot d’affaires, en l’occurrence le dossier Betancourt ou encore le financement de la campagne présidentielle de l’UMP. Alors qu’il vient de fêter ses cinquante huit ans, l’association de ses amis menée par Brice Hortefeux a tout juste créé un site interactif qui lui est totalement dédié. S’il ne s’agit pas bien sûr d’un retour officiel, on peut toutefois dire que Nicolas Sarkozy occupe le terrain en créant les conditions d’un éventuel come back. À l’inverse de Lionel Jospin, KO debout et meurtri au plus profond de lui même en 2002, l’ex-président de la république n’a pas été humilié par les Français. Les résultats de l’élection présidentielle ont d’ailleurs montré qu’en dépit de la vague anti-Sarkozy, de sa mauvaise campagne, et de son bilan en demi-teinte, il dispose toujours d’une base électorale bien ancrée. C’est donc fort logiquement qu’il ne s’est fermé aucune porte lors de son discours de départ à la Mutualité.

La question que beaucoup se posent et à laquelle nul n’a la réponse, pas même le principal intéressé, est bien : Nicolas Sarkozy va-t-il revenir dans l’arène politique ? En réalité, tout est une question de timing et d’envie.

De timing tout d’abord, car il lui faut d’abord attendre les résultats des élections intermédiaires et notamment des municipales, voir comment évolue le tandem Fillon Copé, et surtout re-susciter le désir. Ce dernier point est fondamental car un grand nombre de nos concitoyens a eu une « overdose » de Nicolas Sarkozy. Connu pour ses colères homériques, désacralisant la fonction, ne tenant pas ses promesses après s’être survendu, droitisant son discours pour ratisser large … la liste des griefs est longue. Mais il y a une différence entre la valeur absolue d’un dirigeant et sa valeur relative. En d’autres termes, les Français peuvent désormais commencer à comparer son action à celle de François Hollande et il est fort probable que cela joue de plus en plus en faveur du premier.

D’envie ensuite, car en dépit de l’usure et des affres du pouvoir, l’exercice de ce dernier est une drogue dure qui lui colle toujours à la peau.

Alors que DSK devrait occuper encore un certain temps la rubrique société des journaux ou les pages people des magazines sans aucun espoir de retour en politique, Nicolas Sarkozy actuellement en immersion forcée a encore toutes ses chances de refaire surface.

 

La phrase de la semaine :

« Si la question est : mon QI est-il suffisant pour être président ?, la réponse est oui.» Henri Guaino, ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.

 

rôme Boué