C’est officiel, à ce stade de son mandat, François Hollande détient le record d’impopularité sous la Vème République. En effet, en décembre 2012, seuls 35 % de nos compatriotes lui faisaient confiance pour résoudre les problèmes qui se posent en France. Il n’est donc pas exagéré de parler de défiance envers le premier personnage de l’État…
Il faut dire que les pierres dans le jardin élyséen s’amoncellent, à commencer par le fiasco en Somalie, l’affaire Cahuzac, mais aussi la détérioration de la situation économique et sociale notamment sur le front du chômage, sans oublier le franc succès de la manifestation contre le mariage homosexuel et l’adoption. Concernant ce dernier point, François Hollande avance en terrain miné sur un sujet particulièrement délicat au niveau sociétal. Ainsi alors que selon le dernier sondage Opinion Way, 57 % des Français sont favorables au mariage des couples homosexuels, ils sont 55 % à être contre l’adoption par des couples homosexuels et 63 % à rejeter la PMA (procréation médicale assistée).
Dans ce contexte extrêmement délicat, la décision de François Hollande d’engager la France dans une intervention militaire pour arrêter l’insurrection islamiste dans le nord du Mali, peut lui permettre de «redorer son blason » en affirmant sa stature et ses convictions sur le plan international. En effet, lui à qui l’on a souvent reproché son manque d’autorité, son inexpérience ainsi que son incapacité à trouver des solutions aux problèmes, a agi en homme d’État. De plus, l’intervention militaire française approuvée par 60% de Français transcende les querelles partisanes et les clivages politiques, faisant l’objet d’un consensus au niveau national. Mieux encore, alors que le nom de Hollande n’était évoqué que dans l’Hexagone et généralement pour de bien mauvaises raisons, il occupe désormais le devant de la scène internationale. On peut donc dire que huit mois après son élection, ce dernier vient enfin d’endosser les habits de Président de la république. De fait, il tire également vers le haut son très controversé Premier ministre, ainsi que son Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian quasiment inconnu de tous auparavant.
Alors, même si bien sûr ce n’était pas l’objectif initial, on pourrait dire que la décision d’intervenir au Mali va remettre François Hollande sur pied. En réalité, l’argument vaut à court terme mais n’est pas valable à longue échéance et cela pour deux raisons principales.
Premièrement, les dommages collatéraux d’un tel conflit risquent d’être nombreux. Tout d’abord, le premier danger est celui de l’enlisement du conflit et du nombre de victimes parmi les troupes françaises terrestres. Ensuite, on peut craindre des attentats sur le sol français ou des représailles, à l’image de la prise d’otages d’Occidentaux en Algérie. Par conséquent, le climat pourrait devenir considérablement pesant pour le chef de l’État.
Deuxièmement, en France comme dans la majeure partie des pays industrialisés, la scène intérieure prime toujours sur l’international et cela en particulier en période de crise. En d’autres termes, les préoccupations des Français sont essentiellement d’ordre économique avec le chômage comme première source d’inquiétudes. Malheureusement pour le Président, non seulement la situation de l’emploi va continuer de se détériorer cette année, mais François Hollande devra désormais en endosser la responsabilité. Le coup de l’héritage est bel et bien terminé…
Seule consolation pour l’actuel locataire de l’Élysée, si dans cinq ans son mandat est considéré comme un échec, il pourra mettre dans la case plus de son bilan son intervention au Mali, à condition que l’issue en soit heureuse. Mais ce sera l’arbre qui cache la forêt. Souvenons-nous de Jacques Chirac qui avait refusé une action militaire de la France en Irak, un geste unanimement salué à l’époque mais qui ne permit pas de masquer l’échec cuisant de sa présidence…
La phrase de la semaine :
« Un accord historique, il va créer un climat de confiance. Dès que les premiers signes de reprise interviendront, ce sera un moteur de création d’emplois.» de Michel Sapin au sujet de l’accord entre le Medef et les syndicats sur l’emploi.
Jérôme Boué