Au printemps dernier, on nous avait promis : « le changement c’est maintenant !». La croissance forte devait revenir, le chômage baisser, les inégalités reculer et la paix sociale se renforcer. Mieux, après le leadership économico-politique exercé par l’Allemagne au sein de la zone euro, la France devait retrouver sa crédibilité et renvoyer les Allemands à leur rôle de partenaires réduits à entériner les décisions françaises. Ah, qu’il est doux de rêver…
Seulement voilà, neuf mois après ces belles promesses, rien de tout cela ne s’est produit. Certes, des changements ont bien eu lieu, mais dans le sens du pire. Ainsi, même si les dirigeants du pays s’emploient à le cacher, la récession est revenue dans l’Hexagone, le chômage a flambé, les inégalités se sont accrues et les tensions sociales ont été avivées. Parallèlement, bien loin d’imposer sa voix à Madame Merkel, Monsieur Hollande a été contraint de courber l’échine et d’accepter les décisions germaniques. Enfin, que ce soit avec le cafouillage Montebourg-Mittal, avec la cacophonie autour de la taxe à 75 % ou encore via le camouflet russe de Gérard Depardieu, la France s’est ridiculisée.
Comme nous l’écrivions il y a quelques mois en prévision ou plutôt dans la crainte que la situation actuelle ne se produise : « si c’est ça le changement, alors, s’il vous plaît Monsieur Hollande, ne changez rien !». Mais, malheureusement, le mal est fait. Même si la taxe à 75 % sur les très hauts revenus a été retoquée par le Conseil Constitutionnel, la pression fiscale française va augmenter dangereusement en 2013. Et les promesses du ministre du budget de ne plus augmenter les impôts ensuite n’y changent rien. D’une part, parce que de telles promesses sont faites depuis trente ans, avec, le plus souvent, une réalité inverse.
D’autre part et surtout, parce que la France pâtit déjà d’un des poids des prélèvements obligatoires rapportés au PIB parmi les plus élevés du monde. Des dires du gouvernement, il devrait atteindre 46,3 % cette année. Augmenter encore ce niveau prohibitif ne fera donc qu’aggraver la récession, ce qui ne manquera pas d’accélérer la hausse du chômage, mais aussi de maintenir les déficits publics sur des niveaux élevés et d’augmenter la dette vers de nouveaux records. En 2013, ceux-ci devraient atteindre respectivement 4 % et 100 % du PIB.
C’est là que réside l’un des sérieux paradoxes de la politique gouvernementale : elle s’obstine à vouloir augmenter les impôts pour réduire les déficits alors que cette stratégie ne fera qu’aggraver ces derniers. De la sorte, la piètre crédibilité économique de la France s’affaiblira encore. Et ce, d’autant plus si le gouvernement s’obstine dans sa volonté maladive d’augmenter les taux d’imposition. Dans ce cadre, après avoir bénéficié d’un « flight to quality » abusif, les obligations du Trésor français vont commencer à devenir moins attractives. Et le réveil risque d’être douloureux. De moins de 2 % il y a quelques semaines, les taux d’intérêt des OAT à dix ans devraient avoisiner les 4 % d’ici l’été prochain. Nous pourrons alors bien parler de krach obligataire.
Bien plus grave, cette augmentation justifiée des taux d’intérêt ne manquera pas de casser encore un peu plus l’investissement des entreprises et la consommation des ménages. La récession montera en puissance, le chômage aussi et la dégradation des comptes publics se poursuivra. Après avoir été extrêmement indulgentes à l’égard de l’Etat français, les agences de notations n’auront alors d’autres choix que de valider la réalité en dégradant d’au moins deux crans la dette publique hexagonale. D’où une nouvelle vague d’augmentation des taux d’intérêt et le cercle pernicieux continuera.
Le Président Hollande devra alors faire un choix difficile et déterminant. Soit, il engage un virage à 180° de sa politique économique, vers moins de dépenses publiques (notamment de fonctionnement) et moins de pression fiscale. La France sera alors sauvée et la zone euro avec. Soit, il s’obstine à nier l’évidence et la crise économico-socialo-politique atteindra un point de non-retour, avec, au bout du chemin, l’explosion de la zone euro, la multiplication des émeutes…
Face à de tels dangers, nous ne pouvons donc que souhaiter que 2013 soit l’année du « changement du changement », c’est-à-dire de la victoire du pragmatisme sur le dogmatisme et du triomphe de l’efficacité économique sur le désordre social.
Conscient qu’il ne sert à rien de critiquer sans proposer, je m’investirai personnellement pour apporter ma pierre à cet édifice. Pour ce faire, et si l’on m’en laisse la possibilité, je m’engagerai à 200 % dans cette lutte. Je commencerai par la publication d’u nouveau livre « Le dictionnaire terrifiant de la dette » (qui sortira en librairie le 7 mars). Le but de ce dernier n’est évidemment pas de faire peur, mais de démocratiser encore davantage l’économie dans l’Hexagone et, par là même, de responsabiliser les Français sur les enjeux économiques qui nous attendent.
De plus, je créerai prochainement un site internet de forum « sortirdelacrisedeladette.fr » pour faire avancer le débat public et ouvrir ce dernier à toutes bonnes volontés pour trouver des solutions consensuelles.
Enfin, je lancerai également dans quelques jours une pétition sur Internet pour que le gouvernement français s’engage à baisser le poids de sa fiscalité et de ses dépenses publiques dans son PIB au niveau de la moyenne de la zone euro.
Dans ce cadre, peut-être qu’après le changement vers le pire en 2013, nous aurons le changement vers le mieux en 2014. Et si tel n’est pas le cas, je n’aurai donc aucun regret, j’aurai fait le maximum. Je pourrai alors rejoindre Gérard Depardieu non pas à Moscou, mais plutôt vers une destination ensoleillée. Et ce, non pas pour des raisons fiscales, mais pour des raisons de sécurité.
Marc Touati