L’Ayrausion continue pour le chef du Gouvernement.

 

Alors que beaucoup, dont Nicolas Sarkozy, s’attendaient à une bérézina pour au moins deux des trois candidats UMP aux législatives partielles dans l’Hérault, les Haut-de-Seine et le Val de Marne, il n’en fut rien. Bien au contraire, à la surprise quasi générale, « les UMP » ont presque tous damé le pion aux socialistes, créant ainsi un petit rayon de soleil dans le ciel très sombre qui couvre leur parti depuis près d’un mois.

 

En réalité, il y a bien eu sanction, mais à l’égard de la politique gouvernementale menée depuis six mois… En effet, il est extrêmement révélateur que le Parti Socialiste ne tire sur le plan électoral aucun avantage de la guerre des chefs qui pollue l’UMP. Si certains n’hésitent pas à affirmer que ces élections législatives sont essentiellement l’expression d’un choix de personnes très localisé, tel n’est pas notre point de vue. Il ne faut pas oublier que contrairement aux élections municipales, les législatives reflètent des lignes politiques et des choix de société clairs. De même, affirmer qu’une défaite aux législatives est normale pour le parti en place quelques mois après l’élection est un peu facile : on perd, c’est logique, on gagne, c’est une victoire sur l’UMP…

 

C’est pourquoi nous estimons qu’il s’agit d’un vrai coup de semonce envers la politique de François Hollande et par extension envers Jean-Marc Ayrault, son principal paratonnerre. Facteur aggravant, à l’inverse de Fillon qui était protégé par l’omniprésence de Nicolas Sarkozy, l’actuel chef du gouvernement est en première ligne, jouant plus que jamais le rôle de fusible potentiel.

 

Enfin, le Premier ministre doit composer avec un gouvernement qui ne constitue pas une « Zone Politique Optimale », à l’image des nombreuses voix dissonantes qui le compose. L’abandon de la nationalisation de Florange proposée par Arnaud Montebourg en est une parfaite illustration. Au delà du camouflet infligé au Ministre du redressement productif, il existe un véritable fossé idéologique entre les deux hommes. Si on ajoute à cela le manque d’expérience, d’autorité et de pédagogie de Jean-Marc Ayrault, la légitimité du chef du gouvernement après seulement six mois d’exercice du pouvoir est largement sujette à caution.

 

Comme souvent en cas de fortes difficultés, les communicants de Matignon ont trouvé une parade, en l’occurrence un déplacement du chef du gouvernement au Maroc. Officiellement il s’agissait de « donner un nouvel élan aux relations entre Paris et Rabat ». En réalité, il s’agit de donner un peu d’oxygène à l’hôte de Matignon qui traverse une très mauvaise passe. Mais, alors que le pays doit faire face à l’une des crises les plus dures de son histoire, le marketing politique dont use et abuse le pouvoir en place va très rapidement trouver ses limites.

 

Si les postulants à la succession possible d’Ayrault sont nombreux, il faut souligner que Manuel Valls fait figure de favori. Ainsi, il fait preuve d’efficacité à un des postes les plus exposés de la République, à savoir le ministère de l’Intérieur. S’ajoute à cela sa très forte cote de popularité et un capital sympathie important, ce qui n’est pas négligeable tant ce dernier rétrécit à vue d’œil lorsque l’on prend la tête du gouvernement. La question du remplacement d’Ayault relève donc peut-être plus du « quand ? » que du « qui ? ».

 

Une chose est certaine, si François Hollande ne parvient pas à redresser très rapidement la barre, il pourrait bien changer de Premier ministre avant même les élections municipales de 2014.

     

La phrase de la semaine :

«Nous menons la politique la plus à gauche d’Europe. Certains nous le reprochent ! ». De Jean-Marc Ayrault.

 

rôme Boué