L’espoir fait vivre… Alors que l’UMP est dans le coma, ses adhérents ont d’abord espéré une réanimation par le biais d’Alain Juppé, personnalité incontestable et figurant parmi les pères fondateurs du mouvement. Malheureusement, l’entêtement des deux prétendants et le très lourd climat de suspicion qui règne ont fait avorter le plan Juppé. Ainsi, alors que Copé refuse la médiation pour saisir la Commission Nationale des recours (CNR), Fillon ne reconnaît pas la légitimité de cette dernière qu’il estime acquise à son adversaire. Au crédit de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, il faut dire que le président de la CNR a fait campagne pour Copé… D’ailleurs, les résultats de cette commission donneront naturellement une très large avance au maire de Meaux, que Fillon contestera catégoriquement.
Le ressort s’est irrémédiablement cassé côté Fillon car depuis la soirée du dimanche 18 novembre, il n’a plus confiance dans les instances de contrôle de son parti, en l’occurrence la COCOE et la CNR, qu’il estime acquises à Copé. Il semble qu’il aurait davantage confiance dans la justice de son pays qu’il compte d’ailleurs saisir, noircissant un peu plus un tableau déjà bien sombre. Quant à Copé, il est vissé à son siège qu’il défend bec et ongles En d’autres termes, la situation semble inextricable car les deux protagonistes de ce jeu de massacre ne sont d’accord ni sur le choix des organismes de contrôle ni sur la méthode pour les départager. Le plus simple serait bien sûr de revoter.
C’est d’ailleurs la solution proposée par le « commandeur » Nicolas Sarkozy qui, libéré de ses ennuis judiciaires, est intervenu en privé pour siffler la fin de la recréation. L’espoir semblait donc renaître à nouveau puisque l’ancien chef de l’Etat apparaissait pouvoir faire accepter aux deux belligérants une sortie de crise par le haut pour chacun, à savoir un referendum auprès des adhérents sur l’opportunité d’un nouveau vote. Malheureusement, on est resté dans le « western spaghetti » avec un mauvais remake du film « le bon la brute et le truand », tout un chacun étant libre de déterminer qui est qui.
De surcroît, la tension est encore montée d’un cran lorsque Fillon, qui souhaitait accentuer la pression pour un nouveau vote, a créé un groupe autonome à l’Assemblée Nationale : le R-UMP (Rassemblement UMP), fédérant 67 députés. Pour Copé, c’est une véritable déclaration de guerre et il saute sur l’occasion pour lancer un ultimatum à son rival : sans retrait du R-UMP, pas de référendum possible. Alors que Fillon campe sur ses positions pour assurer ses arrières, la rupture est désormais consommée. Les deux hommes ont atteint un point de non-retour, c’est une certitude, un paramètre de l’équation. Il faut dire que le « conciliateur » Sarkozy n’avait pas la tâche facile puisqu’il ne pouvait pas vraiment intervenir publiquement, et cela pour deux raisons essentielles : premièrement sa défaite est encore trop récente et deuxièmement en tant que membre du Conseil Constitutionnel, il a un devoir de réserve.
Alors que deux orgueilleux bornés et dotés chacun d’un ego gonflé à l’hélium sont en train de sacrifier l’UMP sur l’autel de leurs ambitions, l’ombre d’un retour de Sarkozy plane de plus en plus. Il faut dire que les vents lui sont extrêmement propices. Tout d’abord, la situation économique va encore se dégrader, discréditant encore davantage le pouvoir en place. Ensuite, il y a une énorme absence de leadership à l’UMP à un moment où le pays a plus que jamais besoin d’une opposition forte et constructive. Enfin, la survie du mouvement est en jeu, comme le montrent notamment la recrudescence des adhésions vers le Front National et l’
La phrase de la semaine :
«Nous sommes en train de devenir l’écurie présidentielle du Front National ou de Jean-Louis Borloo. » De Bruno Le Maire (ancien ministre UMP).
Jérôme Boué