Hollande se mouille dans la tempête…

 

« On se réveille ?» (le Point), « Et si Sarkozy avait eu raison » (l’Express), « Sont-ils si nuls ?» (le Nouvel Observateur). Sans parler de lynchage médiatique, il est manifeste que François Hollande est sérieusement mis à mal par la presse. Malheureusement pour lui, les médias reflètent un sentiment qui semble majoritaire dans le pays. En effet la baisse de popularité du Président s’accélère avec 56 % de mécontents soit près de six français sur dix.

 

Le Président qui semble avoir pris la mesure du malaise s’est donc exprimé au journal télévisé de 20h dimanche 9 septembre devant 9,9 millions de téléspectateurs soit 41,1 % de part d’audience.

 

L’exercice était loin d’être une sinécure. En effet, nos compatriotes s’étaient habitués à l’activisme et à l’énergie de Nicolas Sarkozy. On est un peu passé de « speedy Sarko » à « Franklin la tortue ». L’amplitude entre les deux styles de gouvernance est brutale. Si très prudemment François Hollande ne s’est pas trop avancé dans ses promesses de campagne, il est aujourd’hui instamment prié de répondre aux impatiences des Français en clarifiant son discours et son calendrier.

 

De surcroît, le Président suscite aujourd’hui davantage de questions qu’il n’apporte de réponses. Quelle est sa méthode ? Où va t-il ? Est-il à la hauteur des enjeux actuels ? Qui plus est, la gauche est « attendue au tournant », puisqu’elle est majoritaire à l’Assemblée nationale et au Sénat pour la première fois depuis 1958.

 

En d’autres termes, le Président de la République, commandant du navire France, est très fortement prié de se mouiller en pleine tempête.

 

Face aux critiques multiples, François Hollande a choisi de sortir « l’artillerie lourde » avec un plan de rigueur qui devrait permettre de générer 30 milliards d’euros. Qu’en est-il ?

 

Tout d’abord, les contradictions sont multiples. Premièrement le Président affirme « nous devons inverser la courbe du chômage d’ici à un an » tout en mentionnant une prévision de croissance de 0,8 % pour 2013. Lorsque l’on sait qu’il faut au moins 1,5 % de croissance pour faire reculer le chômage, cela complique un peu l’objectif… De même la taxation à hauteur de 10 milliards d’euros des ménages les plus aisés ne sera pas sans impact sur la consommation. Or, la consommation des ménages représente toujours l’un des principaux moteurs de la croissance en France. Quant aux 10 milliards d’euros d’impôts supplémentaires sur les grandes entreprises, il ne semble pas en adéquation avec la restauration de la compétitivité… Enfin, face à l’envolée des dépenses publiques et notamment l’accélération des dépenses de fonctionnement depuis 10 ans, il semble que les 10 milliards d’euros d’économie budgétaire soient largement insuffisants.

 

Pour faire passer la pilule, François Hollande l’enrobe d’une large couche de patriotisme. Enfin, il faut ajouter une dose de méthode Coué lorsqu’il affirme « nous serons capables de redresser la France »… Au total, la potion reste très amère et qu’il s’agisse de sa méthode, de son calendrier ou de ses objectifs, le Président de la République est loin d’avoir convaincu.

 

La phrase de la semaine :

«Au fond, c’est comme si dix ans d’opposition nous avaient fait oublier ce qu’était gouverner. On n’a jamais vu un gouvernement populaire dans une période d’angoisse ! » Un conseiller du Président.

Jérôme Boué