Présidentielles, Grèce, Emploi US : dans tous les sens ! (E&S n°206)

  

Humeur :

Des Présidentielles au ras des pâquerettes…

Il faudrait vraiment arrêter de prendre les Français pour des « canards sauvages ». En effet, rarement le débat qui accompagne les élections présidentielles hexagonales n’a été aussi médiocre. A la rigueur, si nous étions dans une phase de croissance forte, avec un taux de chômage de 5 %, une zone euro en pleine forme et un baril de pétrole à 80 dollars, une telle situation pourrait se comprendre.

Mais, aujourd’hui, avec une croissance française proche de zéro, un taux de chômage de 10 %, une récession durable de la zone euro, une crise de la dette publique qui est loin d’être terminée et des cours du brent à plus de 120 dollars, la faiblesse du débat présidentiel fait froid dans le dos.

Elle est d’autant plus inquiétante que le futur président de la France devra peut-être gérer une nouvelle tempête qui pourrait mettre fin à la zone euro. En effet, nous le savons depuis la création de l’Union Economique et Monétaire, l’euro n’est viable à long terme que s’il réunit des pays parfaitement intégrés d’un point de vue économique et social. Cela doit notamment passer par une harmonisation des conditions fiscales et réglementaires, une unification des marchés du travail et un budget fédéral eurolandais.

Tant que ces trois chantiers n’auront pas été menés à bien, la zone euro est, par construction, bancale, donc vouée à l’échec.

L’apparent sauvetage de la Grèce ne change rien et ne fait d’ailleurs que confirmer une situation de plus en plus dangereuse dans la quasi-totalité des pays de l’UEM qui, depuis cinq ans, sont incapables de réaliser une croissance suffisante ne serait-ce que pour rembourser les intérêts de leur dette publique.

Nous ne le dirons donc jamais assez : tant que nous n’aurons pas restauré une croissance forte dans la zone euro, nous ne pourrons pas sortir de la crise de la dette publique. A titre d’exemple, en dépit de l’annulation de la moitié de la dette grecque détenue par des investisseurs privés, l’endettement total de l’Etat hellène dépasse encore les 120 % du PIB. Tout ça pour ça ! En outre, pour rembourser la charge annuelle d’intérêts de la dette, la Grèce devra générer au moins 5,5 % de croissance en valeur. Nous en sommes très loin, puisque la récession risque de durer au moins jusqu’en 2013.

Les sourires et les satisfécits des dirigeants eurolandais relèvent donc avant tout du marketing et ne doivent pas faire oublier que la zone euro reste grandement menacée.

Face à ces dangers, nous aurions été en droit d’espérer des candidats à la présidentielle française un débat et des propositions qui tiennent la route, notamment sur le front économique. Pourtant, en lieu et place de ces dernières, les deux principaux candidats proposent, à gauche, d’augmenter encore les dépenses publiques et de faire payer les « riches » ; à droite, de réformer la Prime pour l’Emploi sans aucun engagement sur la baisse des dépenses publiques et encore moins sur la réduction de la pression fiscale.

Soyons clairs : ce n’est pas avec une telle stratégie et de telles « mesurettes » que la France sortira grandie des prochaines élections présidentielles.

Quel pourrait donc être le scénario catastrophe de l’après-mai 2012. En fait, quel que soit le vainqueur, il est à peu près certain que les dépenses publiques ne baisseront pas et que les impôts augmenteront. Dès lors, en dépit des artifices statistiques tels que ceux utilisés pour les comptes nationaux du quatrièmes trimestre, une nouvelle récession durable s’imposera dans l’Hexagone.

De la sorte, les déficits publics s’accroîtront de nouveau, avec, à la clé, un dérapage aggravé de la dette publique et des taux d’intérêt. Conséquence logique de la flambée des taux, l’investissement et la consommation se replieront et l’activité continuera de décliner. Ce qui suscitera une nouvelle hausse des déficits publics.

Dès septembre 2012, l’Allemagne augmentera alors la pression. N’oublions pas que, d’ores et déjà, le poids des dépenses publiques dans le PIB atteint 57 % dans l’Hexagone, contre 46 % outre-Rhin. Une nouvelle augmentation de cet écart serait évidemment très mal accueillie par nos cousins « germains », d’autant qu’ils entreront, à leur tour, en phase électorale.

Face à cette tension, le Président français devra alors faire un choix douloureux, à l’instar de celui de François Mitterrand en 1982. Soit il décide de réduire nos dépenses publiques et la zone euro sera sauvée, soit il n’y parvient pas et l’Allemagne finira par claquer la porte du couple franco-allemand, prélude à un éclatement de la zone euro.

Or, comme nous l’avons déjà expliqué dans ces mêmes colonnes, si la zone euro explose, la France et ses partenaires européens entreront dans une nouvelle crise sans précédent qui durera au moins dix ans. Cette crise sera à la fois économique, financière, sociale et géopolitique.

Face à ces dangers, il est donc impératif que les candidats à la Présidentielle et notamment les deux principaux élèvent le débat. La question est simplement de savoir s’ils en ont l’envie et surtout le courage…

Marc Touati


Quid de l’économie cette semaine ?

La job machine américaine maintient la cadence.


Alors que le taux de chômage eurolandais a atteint un plus haut historique à 10,70 % en janvier, le rapport sur l’emploi américain de février nous confirme que la job machine américaine semble avoir trouvé son rythme de croisière.

En effet, après avoir créé 284 000 emplois nouveaux en janvier, cette dernière en a généré 227 000 en février. Il faut noter que les mois de décembre et de janvier ont été révisés à la hausse, engendrant 60 000 emplois supplémentaires.

Confirmant les chiffres de l’excellente enquête ADP avec 216 000 emplois nouveaux en février, le secteur privé affiche une belle performance avec 233 000 emplois nouveaux en février. Le secteur des services poursuit sa montée en puissance avec 209 000 créations d’emplois dont 82 000 pour les seuls services aux entreprises.

Manquent à l’appel de cette bonne performance globale, le secteur de la construction qui a détruit 13 000 emplois en février et le secteur du détail qui déçoit avec 7000 suppressions d’emplois.

Certes, il faudrait environ 200 000 emplois nouveaux tous les mois pour réduire significativement le chômage, mais force est de constater que depuis le début de l’année, la cadence est respectée et devrait perdurer. En effet, le cercle vertueux investissement-emploi-consommation est bien en place Outre-Atlantique.

Les secteurs de l’industrie et des services confirment.

Sources : Bureau of Labor Statistics, Datastream.

Par ailleurs, le glissement annuel de l’emploi continue de progresser pour afficher un niveau de 1,55 % en février. Cette tendance haussière devrait se confirmer voir s’intensifier dans les prochains mois.

C’est d’ailleurs ce qu’indiquent les indices emploi des dernières enquêtes des directeurs d’achat (ISM). Assurément, en dépit d’un léger recul, ces indices demeurent à des niveaux élevés, 53,2 dans l’industrie manufacturière et 55,7 dans les services.


La progression de l’emploi devrait se poursuivre.

Sources : ISM, Datastream.

Parallèlement, et ce n’est pas une surprise, le taux de chômage s’est stabilisé en février. Poursuivant une tendance baissière depuis septembre 2011 ce dernier était tombé à un niveau de 8,3 % en janvier. Il ne faut pas oublier que le calcul de ce dernier relève d’une enquête auprès des demandeurs d’emplois, qui, par définition est sujette à révision…

Le taux de chômage se stabilise.

Sources : Bureau of Labor Statistics, Datastream.

A noter également la bonne tenue des salaires qui continuent de progresser (+ 0,1 % tant pour le salaire horaire moyen que pour le salaire hebdomadaire moyen) portant leurs glissements annuels à des niveaux respectifs de +1,9 % et + 2,5 %.

Enfin, le nombre hebdomadaire moyen d’heures travaillées reste stable à 34.5 en février.

S’il ne faut pas crier victoire trop vite, il est certain que l’emploi américain est sur la bonne voie. Ainsi, le taux de chômage américain devrait atteindre 8 % en moyenne cette année contre 10,3 % pour la zone euro, confirmant le découplage.

Jérôme Boué


La météo économique de la semaine écoulée :

 


 


 


 


 

Les évènements à suivre du 12 au 16 mars :


L’Oncle Sam est sur la bonne voie.

 


L’actualité économico-statistique sera essentiellement américaine cette semaine. Nous suivrons mardi les ventes au détail ainsi que la réunion du FOMC et la décision sur le taux des fed funds. Enfin, nous connaitrons vendredi les chiffres de l’inflation et de la production industrielle pour le mois de février.

 

Mardi 13 mars, 13h30 (heure de Paris) : les ventes au détail américaines montent en puissance en février.

Après avoir progressé de près de 2 % au quatrième trimestre 2011, les ventes au détail américaines ont timidement démarré l’année (+0,4 %). Pour le mois de février, soutenues par de solides créations d’emplois, ces dernières pourraient augmenter de 1 %. Hors transport, comme en janvier, les ventes au détail devraient croître de 0,7 %. Cet indicateur avancé de la consommation des ménages nous confirme que l’Oncle Sam peut toujours compter sur la demande intérieure pour soutenir la croissance.

 

Mardi 13 mars, 19h15 : statu quo sans surprise pour le taux des fed funds en mars.

Les Etats-Unis sont bien sortis de la crise, notamment soutenus par une politique monétaire très accommodante depuis décembre 2008. Cependant la reprise reste encore fragile et comme l’a annoncé, Ben Bernanke, la Fed ne devrait pas procéder à une hausse du taux des fed funds avant le deuxième semestre 2014.

 

 


Vendredi 16 mars, 13h30 : l’inflation se stabilise Outre-Atlantique en février.

Essentiellement tiré par la hausse du baril de pétrole, l’indice des prix à la consommation américain devrait progresser de 0,4 % en février. De fait, l’inflation pourrait se stabiliser à un niveau de +2,9 %. Hors énergie et alimentation cette dernière restera modérée, affichant un niveau de +2,2 % en février après +2,3 % en janvier.

 

Vendredi 16 mars, 13h15 : la production industrielle américaine retrouve quelques couleurs en février.

La production industrielle américaine qui avait affiché une hausse de 1 % au quatrième trimestre 2011 a marqué le pas en janvier (0.0%). En effet, l’hiver particulièrement clément a affecté significativement la production de gaz et d’électricité Outre-Atlantique. Néanmoins, pour le mois de février, tirée par la reprise du secteur automobile, la produc