Après l’annonce par Nicolas Sarkozy de la création d’une taxe sur les transactions financières, notamment destinée à punir les « méchants spéculateurs », c’est au tour de François Hollande de sortir l’artillerie lourde contre le secteur financier. En effet, lors de son « show » de lancement de campagne, celui-ci n’a pas hésité à annoncer que son pire ennemi était « le monde de
Bien entendu, il ne s’agit pas pour nous de dépeindre l’univers bancaire et financier comme un monde parfait. Loin s’en faut. Comme partout, ce secteur produit aussi pas mal de voyous. Je peux en témoigner : Ayant passé la première partie de ma vie dans les cités HLM d’Orly et la seconde dans l’univers bancaire et financier, tout en côtoyant une partie du monde politique, je pense humblement qu’il y a certainement autant de voyous dans ces trois mondes pourtant si différents. Les voyous de la finance sont évidemment bien mieux habillés et bien plus policés, mais derrière le vernis, certains ne valent pas mieux que ceux des cités. Il y en a même qui passent régulièrement dans les médias, qui ont pléthores de condamnations et d’escroqueries à leur « actif », mais qui se permettent de donner des leçons. Ils correspondent parfaitement à l’image que l’on veut donner du « méchant financier » auprès du grand public : imbu de sa personne, méprisant et roublard. Il est clair que si
Certes, les marchés et les banques ont une lourde part de responsabilité dans la crise financière de 2008-2009. Et ce, pour une raison principale : depuis une vingtaine d’années, la finance s’est dévoyée et s’est jetée à corps perdu dans les bras des meilleurs ingénieurs et mathématiciens de la planète. Grâce à leur « intelligence extrême », ces derniers ont ainsi laissé croire que l’on pouvait augmenter le rendement sans augmenter le risque. C’est ainsi qu’ils ont transformé des dettes subprimes, c’est-à-dire très risquées, en des produits particulièrement complexes qui étaient notés AAA par les agences de notations. Cette manipulation n’a donc pas été le fruit de voyous en col blanc, mais de sommités apparemment au-dessus de tout soupçon. Bien sûr, il y a eu aussi le cas Madoff, mais dont la « stratégie » dite de la cavalerie est vieille comme le monde et a d’ailleurs pu s’observer dans tous les secteurs d’activité. Toujours est-il que le secteur bancaire et financier a péché par orgueil et a été puni. D’ores et déjà et avant même les déclarations des candidats à la présidentielle française, les banques nationales ont commencé à fortement diminuer leurs effectifs sur les activités de marchés. Elles ont également réduit au maximum le « prop trading » (spéculation avec les fonds propres), ainsi que la fabrication de produits complexes et/ou toxiques. Bref, les ingénieurs et mathématiciens sont priés de retourner à leurs équations et surtout de reprendre leurs recherches dans l’industrie qui a tant besoin d’innovations.
Si le secteur de la finance est donc bien en partie coupable de la crise dite des subprimes, il ne faudrait pas pour autant leur imputer toutes les crises qui ont suivi et notamment celle de la dette publique. En effet, ce ne sont ni les marchés, ni les banques qui ont demandé aux Etats d’augmenter démesurément les dépenses publiques, ni de laisser déraper les déficits et les dettes et ce, sans croissance économique forte à la clé. Non, cette gabegie de dépenses publiques inefficaces est de l’entière responsabilité des dirigeants politiques depuis plus de vingt ans. D’ailleurs, dans le cadre de ces dérapages, les gouvernements divers et variés étaient bien contents de trouver les banques et les marchés pour acheter leurs bons du Trésor. Aussi fou que cela puisse paraître, on se retrouve donc dans une situation analogue à celles qui prévalaient au Moyen-Âge, lorsque les Seigneurs surendettés et incapables de rembourser leurs dettes enfermaient leurs créanciers ou faisaient croire qu’ils étaient des criminels. C’est bien connu, quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu’il a la rage…
Seulement voilà, nous sommes en 2012 et il n’est pas acceptable de laisser nos dirigeants (présents ou futurs) adopter une telle pratique. Le pire est que cette stratégie du bouc-émissaire finira par coûter cher à l’économie française. Tout d’abord, n’oublions pas que près de 70 % de la dette publique hexagonale est détenue par des investisseurs étrangers. Si l’on effraie ces derniers, ils rechigneront à mettre la main à la poche, ce qui se traduira par une forte augmentation des taux d’intérêt et une aggravation de la récession, donc du chômage et de la dette publique. Ensuite, si les banques et les marchés sont mis au rebut, les entreprises et les ménages accéderont de plus en plus difficilement au crédit, d’où une baisse de l’investissement et de la consommation, avec, in fine, une nouvelle dégradation de l’activité. Enfin, dans un monde ouvert et en pleine crise existentielle de la zone euro, cette nouvelle posture de
Marc Touati