Hollande – Royal, la roue tourne…

 

Nous sommes le 6 mai 2007 et les caméras de télévision sont braquées sur le QG de la candidate socialiste. Nous y voyons une Ségolène Royal resplendissante et tout sourires. Aurait-elle gagné l’élection présidentielle ? Un téléspectateur qui aurait manqué l’annonce des résultats et qui viendrait d’allumer son poste de télévision aurait pu le croire, tant la candidate malheureuse semblait manifester sa joie. En réalité, Ségolène Royal qui vient de perdre sèchement l’élection face à Nicolas Sarkozy se projette déjà en 2012. La posture tout à fait mitterrandienne semble d’ailleurs signifier : mes amis, nous avons échoué mais nous y arriverons et je serai celle qui pourra vous mener vers cette victoire.

 

Or ce n’est pas une façade ni un artifice, puisque Ségolène Royal croyait réellement en ses chances pour 2012. Cette dernière est encore dans l’euphorie de la campagne présidentielle, et tente de « sauver les meubles ». En d’autres termes, elle envoie le message suivant : je ne suis pas une has been. Mais depuis, le masque a craqué, et pou ceux qui en doutait encore, la candidate marketing n’a pas tenu la route. En effet, privilégiant la forme et les effets de manche sur le fond, l’ex candidate s’est progressivement désagrégée. Ses chances de réaliser le coup de poker de 2007 et de remporter la primaire socialiste sont très minces. En 2007, beaucoup de caciques du parti la prenait déjà pour une usurpatrice, aujourd’hui sa candidature fait parfois sourire à gauche.

 

Celui qui en revanche, faisait sourire en 2007, c’était François Hollande. Lui qui comme beaucoup ne pensait qu’à la présidentielle, avait dû s’effacer au bénéfice de son épouse. Mais la roue tourne, et le personnage est enfin pris très au sérieux. Nul n’aurait pu imaginer ce scénario le soir de la défaite de son ex épouse en 2007. Souriant, amaigri, décontracté, aussi solide sur la forme que sur le fond, François Hollande est actuellement le favori à gauche, à en croire les derniers sondages. Cependant, la mise sur orbite de celui qui était donné comme fini il y a 4 ans n’en est pas moins fragile. En effet, il faut toujours prendre les sondages avec beaucoup de précautions. Rappelons que ces derniers donnaient VGE vainqueur en 1981, Balladur en 1995 et Jospin en 2002. N’oublions pas que nous sommes encore à 10 mois de l’élection, ce qui est à la fois proche et très éloigné. En 10 mois, de nombreux peuvent se produire et la donne peut changer radicalement.

 

La première étape de la course d’obstacle à l’élection présidentielle sera bien sûr la primaire socialiste. Martine Aubry qui incarne l’aile dure du parti semble continuer son bonhomme de chemin, malgré la Hollandemania qui sévit actuellement chez les sympathisants du PS. Face à un François Hollande qui n’a jamais été ministre, cette dernière a l’expérience pour elle. Hollande et Aubry c’est un peu le lièvre et la tortue, et il ne faut pas crier victoire trop vite quant aux chances de François Hollande. On ne court pas un marathon comme un 100 mètres, d’ailleurs Nicolas Sarkozy, le grand spécialiste des analogies sportives, l’a bien compris.

 

La phrase de la semaine :

« Personne ne peut voler au peuple son pouvoir de voter » De Ségolène Royal dans Le Figaro.

 

Jérôme Boué