Politique, séduction et abstention…

 

Le propre d’un homme politique est de convaincre, susciter l’adhésion au service de ses convictions, en d’autres termes séduire. Cet instinct de séduction est parfois poussé à l’extrême avec un mélange de narcissisme et de mégalomanie. Cela n’est pas sans incidence dans les rapports qu’entretiennent les hommes politiques avec la gente féminine. En effet, c’est bien connu, le pouvoir est un puissant « aphrodisiaque ». Ainsi, la liste de nos « politiques séducteurs » est longue, et nos Présidents y figurent en première ligne. Il semble d’ailleurs qu’après la page De Gaulle et Pompidou, aucun Président de la République française n’échappe à cette règle. VGE tout d’abord, qui avait fait en 1974 une campagne à l’américaine et qui se prenait pour JFK… Mitterrand ensuite, « l’homme qui aimait les femmes », et qui leur a voué une admiration sans borne, multipliant les conquêtes. Chirac encore, qui dans sa jeunesse ressemblait à un mélange de Cary Grant et de Clark Gable, et dont l’attirance pour la gente féminine n’est un secret pour personne. Nicolas Sarkozy enfin, qui après avoir pris à la hussarde la mairie de Neuilly, a développé un sens hypertrophié de la conquête.

 

Dans les rapports de nos hommes politiques avec le sexe opposé, il y eut un avant et un après Nicolas Sarkozy. Avant, c’était l’omerta, avec des médias qui jetaient un voile pudique sur la privée des hommes politiques. L’après fut caractérisé par le buzz et la « pipolisation » d’une partie de la classe politique. En d’autres termes, sous l’ère Sarkozy, la frontière entre vie publique et vie privée est bel et bien tombée. Cette nouvelle donne a un impact important sur la perception qu’ont les Français de leurs élus. L’actualité récente en est d’ailleurs un triste exemple. Tout d’abord, nos hommes politiques n’ont pas fini de subir les dommages collatéraux de l’affaire DSK. Alors que les Français ont un goût prononcé pour l’amalgame, cette affaire ne redore pas le blason d’une classe politique déjà vilipendée. L’affaire Georges Tron accusé de viols n’arrange pas les choses, sans oublier les révélations de Luc Ferry mettant en cause un ancien Ministre.

 

Au travers de quelques cas isolés, c’est malheureusement l’ensemble de la classe politique qui « trinque ». Affaires, abus de pouvoir dans leur rapport aux femmes, omerta, les Français auront vite fait de mettre leurs élus dans le même panier, quitte à tomber dans la caricature. Cela ne fera malheureusement qu’aggraver le rejet des hommes politiques par nos concitoyens, en creusant les chiffres de l’abstention qui atteignent déjà des sommets. Une abstention qui pourrait bien faire une fois de plus le jeu de l’extrême droite. Réponse le 22 avril 2012.

 

La phrase de la semaine :

« C’est trop facile de prétendre que Chirac est vieux. Moi, avant son procès, je vais sortir trois ou quatre trucs qui vont intéresser les juges, et après je présenterais mes excuses» De Nicolas Sarkozy.

 

Jérôme Boué