DSK : présumé coupable…

 

On aura tout lu et tout entendu sur la personnalité de Dominique Strauss-Kahn. Chacun y va bien sûr de son commentaire basé sur le passé voire le «passif» de DSK concluant que cet «homme à femmes» est nécessairement coupable. Cette fameuse réputation de DSK rend en effet vraisemblable l’invraisemblable. En d’autres termes, la soit disant «libido gonflée à l’hélium» de l’ex directeur du FMI rendrait crédible les très graves accusations qui sont portées contre lui. Il faut dire que dans une situation analogue, si l’accusé se prénommait Rocard, Jospin ou Hollande, le scénario présumé perdrait beaucoup en crédibilité… De fait DSK qui devrait être considéré comme présumé innocent est considéré par beaucoup comme présumé coupable avant même d’avoir été jugé. Il est vrai que le système judiciaire américain ne joue pas en sa faveur. Ainsi DSK est exhibé comme une «bête de foire» et ne serait pas moins bien traité si sa culpabilité était déjà avérée.

 

Il faut dire que DSK représente le coupable idéal : il est blanc, riche, puissant et jouit d’une réputation de «coureur de jupons». Alors que sa victime présumée est quant à elle noire, pauvre et représente la citoyenne sans histoire voire modèle. Le symbole est bien là sur front de discrimination raciale et même si ce scénario est manichéen, il s’impose aux yeux de beaucoup, notamment outre-Atlantique. Si l’on rajoute le fait que DSK est défendu par une superstar du barreau qui a déjà sauvé des stars multimillionnaires de causes considérées comme perdues d’avance, le tableau est brossé. Avec en point d’orgue le fait que les avocats de DSK feront tout pour décrédibiliser la victime présumée notamment avec l’aide de détectives privés : la caricature est complète.

 

Seulement, il ne faudrait pas aller trop vite en besogne. A l’inverse, essayons de dépasser les préjugés qui, du fait de sa réputation, le désignent nécessairement comme coupable. D’ailleurs lors du procès, il devra être jugé uniquement sur les faits et non pas sur sa réputation. Ainsi, DSK ne sera considéré comme coupable qu’à l’unanimité par les douze jurés qui devront prêter serment sur leur absence d’a priori envers sa personne. En d’autres termes, alors que tout pourrait l’accabler, ces derniers devront agir en toute impartialité. Il est donc absolument nécessaire de dépassionner le sujet bien qu’il soit extrêmement brûlant.

 

Et cela d’autant plus que quelle que soit l’issue du procès, DSK est un homme brisé. Hier à la tête du FMI et possible Président de la République française, il lutte désormais pour éviter la prison mais aussi pour laver son honneur. Sachant que sur ce dernier point, le vieil adage «Salissez, il en restera toujours quelque chose» prend toute sa signification. On se souvient de Pierre Bérégovoy mettant fin à ses jours pour une histoire de prêt sans intérêt d’un million d’euros.

 

Le fait que DSK soit considéré comme un «coureur» ne fait pas nécessairement de lui un «violeur». Si ce dernier a réellement commis ce dont on l’accuse, il doit être condamné avec la plus grande sévérité et cela sans passe-droit. Mais alors que le procès n’a pas encore eu lieu, de grâce, ne tirons pas sur l’ambulance…

 

La phrase de la semaine :

« Avec DSK, la primaire, c’était une finale de Coupe d’Europe. Aujourd’hui, c’est un match inamical d’intérêt local ». De François Patriat sénateur PS de la côte- d’Or.

 

Jérôme Boué