Ce qui devait arriver, arriva ! Après deux ans de soutien artificiel et de faux semblants, la consommation des ménages français commence à afficher son vrai visage. Ainsi, après avoir déjà chuté de 1 % en mars, les dépenses des particuliers se sont encore effondrées de 1,8 % en avril. Leur glissement annuel repasse même en territoire négatif, à – 0,1 % précisément.
Bien entendu, cette nouvelle dégringolade s’explique principalement par le plongeon de 10,2 % de la consommation dans le secteur automobile. Les nombreuses tentatives des constructeurs et concessionnaires pour limiter les effets négatifs de la fin de la prime à la casse ont donc été vaines. On ne peut effectivement pas éviter l’inévitable. Depuis plus de deux ans, les ventes ont été soutenues à bout de bras par les aides gouvernementales et les promotions en tous genres. Aujourd’hui, il est temps de payer
Mais ce n’est pas tout. En effet, comme cela s’était déjà observé en mars, il faut noter que tous les postes principaux de dépense affichent une baisse notable en avril. A commencer par les biens d’équipement du logement qui reculent de 1,5 %, après avoir déjà baissé de 0,6 % en mars. Parallèlement, si la baisse de 4,2 % des dépenses en textile-cuir en mars était logique, car liée à la fin des soldes, leur nouveau recul de 0,5 % en avril est beaucoup plus inquiétant. Non seulement, parce qu’il indique que la correction de la baisse de mars n’a pas eu lieu, mais surtout parce qu’il souligne que les ménages n’ont pas profité des promotions de printemps. Plus globalement, ces évolutions montrent que les Français s’avèrent de plus en plus parcimonieux et ont bien perdu leur légendaire « fièvre acheteuse ».
Cette consommation anémiée n’est d’ailleurs pas près de s’inverser, comme l’a indiqué la nouvelle baisse de l’indicateur de « l’opportunité de faire des achats importants » de la dernière enquête de l’INSEE auprès des ménages. En d’autres termes, la consommation a mangé son pain blanc et devrait désormais passer au pain sec.
Il devrait en être de même de la croissance globale du PIB. En effet, après le satisfecit excessif des résultats du premier trimestre, une forte correction devrait s’observer dès le deuxième. Et pour cause : dans le meilleur des cas, la consommation devrait reculer de l’ordre de 1 % sur l’ensemble de ce deuxième trimestre, ce qui pourrait se traduire par un statu quo, voire un léger repli du PIB sur cette même période. A l’évidence, la communication de Bercy risque d’être beaucoup plus difficile qu’au cours du mois dernier…
Marc Touati