François Mitterrand : le tonton flingueur.

A l’heure du trentième anniversaire de l’élection François Mitterrand en 1981, de nombreux socialistes tentent de se poser en héritiers de l’ancien leader socialiste. Seulement voilà, nous ne sommes pas en monarchie et François Mitterrand n’a donc pas d’héritier désigné. En revanche, les candidats à la candidature socialiste peuvent tenter de s’inspirer de F. Mitterrand afin de maximiser leurs chances d’accéder à la Présidence de la République qui leur échappe depuis 1988. Cela nous amène à nous interroger sur l’homme Mitterrand et surtout sur les forces et les qualités de celui qui dirigea la France pendant quatorze ans, un record sous la cinquième République.

 

François Mitterrand, c’est tout d’abord la ténacité dans la conquête du pouvoir. A l’inverse de Jacques Chirac qui très abattu ne faillit jamais se remettre de sa défaite en 1988, pensant que les Français ne l’aimaient pas, Mitterrand a toujours eu en son for intérieur une confiance inébranlable dans son destin national et cela en toutes circonstances. Ainsi, après avoir mis en ballottage le général de Gaulle en 1965 et manqué de très peu la victoire en 1974, Mitterrand était considéré par beaucoup comme un «has been» à gauche devant laisser sa place à la nouvelle génération, en l’occurrence Michel Rocard. Mais François Mitterrand ne s’est jamais découragé repartant de plus belle dans la bataille. Alors que ses amis politiques étaient sous le choc de la défaite aux législatives de 1986, donnant naissance à la première cohabitation, Mitterrand décrivit à l’avance le scénario des évènements à venir, à savoir la nomination de Chirac 1er ministre et sa défaite deux ans plus tard aux présidentielles. Au delà des clivages politiques, Mitterrand a toujours été supérieur à Jacques Chirac qui ne l’a jamais battu lors d’une élection présidentielle. D’ailleurs, le débat d’entre deux tours en 1988 confirma que les deux hommes ne jouaient pas dans la même catégorie.

 

François Mitterrand est également un stratège politique exceptionnel. L’homme était en effet un animal politique hors pair d’ailleurs souvent comparé à Machiavel, il surclassa sur ce plan de très loin tous les hommes politiques de sa génération. A titre d’exemple, il a entre autre permis au Front National d’accéder à l’Assemblée Nationale afin de mieux diviser la droite. François Mitterrand, c’est aussi un «tonton flingueur». Le monde politique est une jungle sans merci où il n’y a pas de place pour les agneaux. Sans remettre en cause les qualités et le talent de Michel Rocard, on peut dire que ce dernier était un agneau que Mitterrand nomma à Matignon en 1991 pour mieux l’éliminer. Sans atteindre le niveau de l’ancien président socialiste et dans des styles différents, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont aussi des «tueurs politiques», la liste de leurs «victimes» parle d’elle même.

 

On le voit bien, le «modèle de réussite» que peut incarner François Mitterrand n’est absolument pas duplicable. Tout l’enjeu pour les candidats socialistes sera de s’en inspirer tout en conservant leur identité. Les socialistes n’ont d’ailleurs jamais réussi à gérer l’après Mitterrand puisque jusqu’à aujourd’hui aucun leader n’est parvenu à assurer la transition. A l’époque, Jacques Delors semblait pouvoir incarner un élan nouveau mais son renoncement créa un vide sidéral à gauche qui n’est toujours pas comblé.

 

Cependant, François Mitterrand n’est pas un modèle pour la gauche uniquement puisqu’un illustre personnage de droite s’inspire fortement de l’ex stratège et cet homme c’est Nicolas Sarkozy. A suivre…

 

 

La phrase de la semaine :

« Le narcissisime n’est jamais la bonne solution ». de Nicolas Sarkozy.

 

Jérôme Boué