Nicolas Sarkozy a ouvert une nouvelle ère de la vie politique française, celle du marketing et de la communication politique à l’américaine. L’homme est en effet un professionnel des médias, avec lesquels il entretient un rapport presque obsessionnel. C’est un enfant de la télé et jamais avant son arrivée au pouvoir, les patrons de chaîne n’avaient été autant convoqués à l’Elysée. Sa campagne de 2007 en est d’ailleurs la parfaite illustration. Bardé de communicants (publicitaires, conseillers… ) et faisant même appel au Boston Consulting Group pour le conseiller dans sa campagne, le candidat Sarkozy a toujours entretenu un rapport compulsif aux sondages. Se focalisant sur l’audimat, il connaît à la virgule près les scores d’audience de chacune de ses interventions télévisées. Chacune de ses propositions, projet de société ou de réforme, est passée à la moulinette d’études et de sondages afin de déterminer le plus précisément possible son impact sur l’opinion publique. L’actuel Président pourrait donc être surnommé Monsieur Sondages.
Alors que Nicolas Sarkozy est déjà officieusement en campagne et que l’élection présidentielle se rapproche à grands pas, nous sommes déjà abreuvés des scores de popularité de nos personnalités politiques. A titre d’exemple, le baromètre Ipsos Le Point nous distille de manière hebdomadaire, à l’image du quinté, la cote d’une trentaine d’hommes et de femmes politiques : un tel gagne 6 points, un autre perd 4 points, Bayrou trouve de l’air ou encore DSK commence à lasser. Rappelons tout de même que ce dernier est encore Président du FMI et qu’il ne s’est pas encore déclaré candidat à la candidature socialiste.
Il faut donc être très prudent avec ces sondages qui n’ont une valeur que très relative pour la raison bien simple qu’en politique, les cotes de popularité peuvent varier de manière très importante et cela, dans un laps de temps très court. Trois exemples historiques sont particulièrement instructifs à ce sujet : tout d’abord le match retour Valéry Giscard d’Estaing – François Mitterrand. En effet en1981 après la défaite de la gauche aux législatives de 1978, François Mitterrand était donné largement perdant dans les sondages face à VGE pour la présidentielle. Beaucoup trop sur de lui, VGE a fait une très mauvaise campagne avec le résultat que l’on connaît.
Par la suite, rappelons qu’au mois de janvier 1995, à quatre mois de l’élection présidentielle, Jacques Chirac était au plus bas dans les sondages. La situation était tellement critique qu’Arlette Chabot lui a même demandé en direct s’il souhaitait maintenir sa candidature. Favori des sondages, adoubé par les médias, et jouissant d’une cote de popularité sans précédent pour un premier ministre en exercice, Edouard Balladur, beaucoup trop confiant, est complètement passé à coté de sa campagne. Résultat des courses, il ne fut même pas présent au second tour. Enfin, en 2002, si la montée du FN en France était manifeste, aucun institut de sondage n’avait prévu la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Un tsunami politique qu’il est vrai, très peu de spécialistes politiques n’avaient anticipé.
Sans remettre en cause le sérieux et le rôle déterminant des instituts de sondage dans le paysage politique, il ne faut pas oublier les erreurs du passé et savoir prendre du recul. A l’heure où Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages, où DSK ne s’est pas encore prononcé, où Marine Le Pen a le vent en poupe, bien malin qui aujourd’hui pourrait donner la solution de l’équation de l’élection présidentielle de 2012.
La phrase de la semaine :
« Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des Affaires étrangères. Maintenant, je vais être très attentive, je ne sais pas où j’irai passer mes vacances, je pense que je ne quitterai pas
Jérôme Boué