France : l’emploi reste désespérément mou.

 

Conséquence logique de la faiblesse de la croissance dans l’Hexagone, l’évolution de l’emploi reste tout aussi terne. Certes, après avoir progressé de 0,2 % au premier et au deuxième trimestre 2010, l’emploi salarié du secteur marchand a augmenté de 0,3 % au troisième. Si ces évolutions sont évidemment appréciables, il faut néanmoins souligner qu’elles sont très loin de compenser la baisse des trimestres précédents. Et pour cause du deuxième trimestre 2008 au quatrième de 2009, l’emploi marchand a plongé de 3,5 %. Actuellement, le niveau de l’emploi affiche encore une baisse de 2,9 % par rapport à son niveau d’avant crise.

De même, si le glissement annuel de l’emploi est enfin redevenu positif, ce qui ne s’était plus produit depuis le deuxième trimestre 2008, il n’est que de + 0,6 %. Compte tenu d’une variation annuelle du PIB de 1,8 %, cela montre donc une nouvelle fois que la croissance française reste très pauvre en emplois.

Mais ce n’est pas tout. Car si l’emploi a réussi à sauver les meubles c’est uniquement grâce à la résistance du marché du travail dans les services. Ainsi, l’emploi dans le secteur tertiaire a progressé de 0,5 % au troisième trimestre et de 1,8 % en glissement annuel. A l’inverse, l’emploi a continué de chuter tant dans l’industrie que dans la construction : respectivement – 0,3 % et – 0,2 %, soit des glissements annuels de – 2,4 % et – 1,3 %. Depuis le début 2008, l’emploi dans l’industrie s’est effondré de 8,6 %.

En fait, ce mouvement de désindustrialisation n’est pas nouveau, puisque la dernière fois que l’emploi industriel a augmenté en France remonte au premier trimestre 2001. A l’époque, on comptait 4,189 millions de salariés dans l’industrie. On n’en recense plus que 3,291 millions aujourd’hui. Depuis le début 1990, l’industrie a détruit 1,41 million d’emplois nets. Si ces destructions de postes sont logiques compte tenu de la désindustrialisation du pays, elles deviennent aujourd’hui dangereuses dans la mesure où elles ne sont que faiblement compensées par les créations d’emplois enregistrées dans les services.

Et malheureusement, cette faiblesse de l’emploi risque de perdurer dans la mesure où la croissance et surtout l’investissement des entreprises restent et resteront modérés dans l’Hexagone. Et tant que la France ne baissera pas sa pression fiscale et ses rigidités réglementaires notamment sur le marché du travail, cette faiblesse jumelle de la croissance et de l’emploi demeurera notre lot quotidien.

 

Marc Touati