Sarkozy, l’épreuve du feu.

 

Alors que la loi a été adoptée au Sénat avant le vote définitif à l’Assemblée Nationale, le mouvement syndical s’opposant à la réforme du régime des retraites reste plus que jamais mobilisé puisqu’une journée d’action est prévue le 6 novembre. En dépit de certains effets d’annonce, grèves et manifestations ne sont donc pas terminées. Concernant les carburants, la situation n’est pas encore revenue à la normale et les casseurs sont toujours en embuscade prêts a polluer les manifestations, comme nous l’avons vu ces dernières semaines. En d’autres termes, Nicolas Sarkozy qui est toujours attendu au tournant, n’en a pas encore fini avec les problèmes.

 

Plusieurs années passées place Beauvau lui ont toutefois donné une certaine expérience de ce type de situation. Qu’il s’agisse des violentes émeutes en 2005 ou du CPE en 2006, Nicolas Sarkozy est tout sauf un novice. Seulement voilà, il doit aujourd’hui passer l’épreuve du feu. En effet, contrairement aux évènements précédents, le Président pour ne pas dire l’omniprésident, est en toute première ligne. Rappelons qu’en 2006 lors du CPE, Nicolas Sarkozy avait lâché Dominique de Villepin qui s’arque boutait sur des positions intenables tel un soldat pendant la guerre de tranchée en 1914. Aujourd’hui, alors que Fillon donné partant est totalement inexistant, que Brice Hortefeux fait de la figuration, le Président épaulé par l’indéfectible Claude Guéant doit gérer la situation la plus dure de sa longue carrière politique.

 

Nicolas Sarkozy qui a notamment été élu pour sa capacité à réformer ainsi que pour sa fermeté en matière de sécurité, sera t-il à la hauteur de la situation ?

 

Tout d’abord, il ne faut pas se voiler la face, les mouvements sociaux actuels dépassent largement le régime des retraites et cristallisent un mécontentement latent envers la personne et la politique de Nicolas Sarkozy que la réforme a rendu patent. En effet, avec Valérie Giscard d’Estaing en 1974, aucun Président n’aura suscité autant d’attentes et d’espoirs mais également autant de réactions passionnelles. En matière de sécurité notamment, nombreux de nos concitoyens pensent que Nicolas Sakozy a créé un Etat dit policier et liberticide, à l’image du tout sécuritaire ou du degré de tolérance zéro. Si le Président dispose de nombreux outils pour faire régner l’ordre en cas de dérapage (préfets, police, gendarmerie voire l’armée), la situation est beaucoup complexe qu’il n’y parait. En effet, depuis le décès de Malik Oussekine en 1986, « victime » des voltigeurs de Charles Pasqua, les forces de l’ordre marchent sur des oeufs… En effet, un policier qui décède le sera l’exercice de ses fonctions alors qu’un civil sera quasi systématiquement considéré comme une victime. Or parmi les casseurs, certains disposent actuellement de moyens considérables avec pour conséquence un risque de dérapage dont le Président est parfaitement conscient. Ainsi malgré son expérience en la matière, c’est ce type d’équation que Nicolas Sarkozy doit gérer quant les conflits s’enveniment. En un mot: faire régner l’ordre sans dérapages.

 

Bien au delà des mouvements liés à la réforme du régime des retraites, la France est une véritable poudrière sociale, dont la mèche se consume progressivement depuis plusieurs années. Déjà au plus bas dans les sondages à moins de deux ans de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy est donc plus que jamais sur la corde raide.

 

La phrase de la semaine :

«Ce n’est pas parce qu’une loi est promulguée qu’elle est votée, qu’elle devient juste. Nous continuerons à la contester et à tout faire pour qu’elle soit reformée.» de François Chérèque Secrétaire Général de la CFDT.

 

Jérôme Boué