Perspectives de croissance mondiale : un peu de chaud, beaucoup de froid.

Comme chaque début de mois, les enquêtes Markit des directeurs d’achat sont attendues avec impatience, mais aussi avec inquiétude. En particulier depuis quelques mois et le retour de la récession industrielle dans de nombreux pays.

Le bilan des enquêtes de juillet est particulièrement mitigé. En effet, si certains pays semblent s’éloigner du recul de l’activité industrielle, notamment les Etats-Unis, l’Inde, mais aussi la Chine, d’autres y restent englués. Citons par exemple le Brésil (avec néanmoins une moindre baisse de l’activité), la Turquie, la Malaisie ou encore la France.

Parallèlement, certains pays, qui paraissaient dernièrement loin de la récession industrielle ou en rémission, plongent ou rechutent dangereusement, subissant une nette baisse de leur activité en juillet. Il s’agit principalement du Royaume-Uni, de l’Indonésie, de la République Tchèque, de la Grèce et de la Russie.

Enfin, s’ils n’ont pas encore les stigmates de la récession, d’autres pays ont enregistré une forte baisse de leur indice Markit, se rapprochant dangereusement de la barre des 50. En l’occurrence, l’Irlande, la Pologne, le Mexique et Singapour.

 

Enquêtes Markit dans l’industrie : 15 pays dans le rouge, six à la frontière.

Pour visualiser le tableau, merci de consulter le fichier pdf

Sources : INSEE, ACDEFI

Le véritable réconfort de ces enquêtes réside dans l’augmentation de l’indice « monde », qui atteint désormais un niveau de 51, contre 50,4 en juin.

Autre bonne nouvelle, l’indice Markit des directeurs d’achat dans l’industrie chinoise est repassé au-dessus de la barre des 50 (à 50,6 précisément), pour la première fois depuis février 2015, c’est-à-dire juste avant le début de la crise économico-financière chinoise du printemps-été 2015.

 

La Chine redémarre…

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : NBSC, Markit, ACDEFI

Et même si son homologue dans les services recule d’un point en juillet, il reste néanmoins très appréciable, avec un niveau de 51,7.

Dans ce cadre, après la bonne résistance du PIB chinois aux premier et deuxième trimestres 2016, une accélération de la croissance pourrait même s’observer d’ici la fin d’année dans l’Empire du milieu, qui restera donc la locomotive incontestée de la croissance mondiale.

 

Le Brésil va un peu mieux.

Pour visualiser le graphique, merci de consulter le fichier pdf

Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

Si elle est évidemment toujours très loin du dynamisme chinois, l’économie brésilienne semble enfin sur le chemin de l’amélioration. En effet, confirmant le rebond de juin, les indices Markit dans l’industrie et les services ont encore fortement progressé en juillet. S’ils restent encore bien en-deçà de la barre des 50 (à respectivement 46 et 45,6), ils indiquent que la destitution de Madame Rousseff, la remontée des cours des matières premières et la perspective des Jeux Olympiques commencent à porter leurs fruits.

Cependant, ne crions pas victoire trop vite : la faible popularité de Michel Temer (le remplaçant par interim de Dilma Rousseff) et l’instabilité sociale continuent d’empêcher un fort rebond de l’économie brésilienne, qui devrait néanmoins progressivement sortir de la récession d’ici la fin 2016.

En revanche, la récession devrait rester d’actualité en Grèce et faire son grand retour en France. C’est notamment ce qu’indiquent les indices Markit dans l’industrie de juillet.

Pour le quatrième mois consécutif, l’industrie française reste d’ailleurs la lanterne rouge de la zone euro. Parallèlement, la première place est toujours occupée par l’Allemagne, malgré une baisse de 0,7 point de son indice Markit.

 

L’Allemagne toujours en pole-position, la France encore lanterne rouge.

Pour visualiser le tableau, merci de consulter le fichier pdf

Sources : Markit, ACDEFI

Mais si ces deux postures sont habituelles, d’autres le sont beaucoup moins. En l’occurrence, la forte baisse des indices Markit « industrie » en Italie, en Espagne et en Irlande. La barre des 50 se rapproche même dangereusement, montrant la fragilité de la reprise économique dans ces trois pays et plus globalement au sein de l’ensemble de la zone euro.

 

Dans les services aussi, la France ferme la marche.

Pour visualiser le tableau, merci de consulter le fichier pdf

Sources : Markit, ACDEFI

Fort heureusement, la résistance de l’activité dans les services compense les difficultés industrielles. Du moins pour le moment.

En revanche, comme dans l’industrie, la France ferme la marche de l’activité dans les services. A l’évidence, face à ces déconvenues, rares sont ceux qui osent encore avancer qu’en France « ça va mieux »…

 

Marc Touati