Humeur :
Et pendant ce temps, la Chine pavoise.
C’est certainement en voyageant à travers la planète et en particulier dans le monde dit « émergent » que l’on peut vraiment se rendre compte de l’ampleur des dégâts dans le monde dit « développé », en particulier en Europe et encore plus dans l’Hexagone. En effet, pendant que les Européens se chamaillent pour essayer de définir une nouvelle réglementation des hedge funds, pendant que les dirigeants de
Ainsi, non content d’avoir résisté à la crise de 2008-2009 et d’avoir laissé seuls les pays développés s’enfoncer dans la récession, le monde émergent ou plutôt émergé continue de faire preuve d’un dynamisme à toute épreuve. Si bien qu’il est désormais devenu LA locomotive structurelle de la croissance mondiale. Aux commandes de cette dernière,
Toujours est-il que même avec 9,6 % de croissance au troisième trimestre et au moins 10,5 % en moyenne sur l’année 2010,
Quant à l’argument selon lequel seuls 400 millions de Chinois vivent correctement, c’est-à-dire selon les normes occidentales, laissant ainsi sur le bord de la route plus de 900 millions de personnes,
Bien entendu, tout n’est pas rose en Chine. D’aucuns annoncent même qu’une crise démographique et/ou démocratique et/ou financière est inévitable. Ils ont certainement raison, car les crises font forcément partie du développement économique. Pour autant, à la différence des Occidentaux et notamment des Européens, les Chinois savent anticiper. Aussi, ils disposent d’ores et déjà d’au moins quatre airbags pour éviter une crise durable. Les deux premiers résident dans une épargne et un investissement très élevé, puisque que ces deux moteurs économiques représentent respectivement 50 % et 45 % du PIB chinois. Le troisième est relatif à la faiblesse de l’endettement public qui avoisine les 20 % du PIB. Autrement dit, en cas de coup dur, Pékin pourra actionner sans difficulté l’arme du déficit public. Enfin le quatrième airbag reste le plus impressionnant puisqu’il s’agit des réserves de changes qui ont encore atteint en septembre un nouveau record de 2 648 milliards de dollars.
Mais comme si tout ceci ne suffisait pas, Pékin veut aussi ménager son taux de change. Ainsi, alors que la parité des pouvoirs d’achat fait état d’un niveau d’équilibre de 3,5 yuans pour un dollar,
Face à cette force et à ce volontarisme, les difficultés françaises pour faire passer une petite réforme des retraites apparaissent vraiment ridicules. Elles prouvent une fois encore que
Marc Touati
Quid de l’économie cette semaine ?
L’Allemagne accélère, la France toujours en première.
Après avoir retrouvé au deuxième trimestre 2010 sa place de leader de la croissance eurolandaise, l’Allemagne n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Ainsi, alors que l’indice composite des directeurs d’achat recule depuis trois mois dans la zone euro, les indicateurs allemands ont retrouvé le chemin de la hausse en octobre. Et ce tant dans l’industrie que dans les services.
L’activité allemande reste forte tant dans l’industrie que dans les services.
Sources : Markit, Bloomberg
Mais, comme si cela ne suffisait pas et alors qu’une légère baisse était attendue, l’indice du climat des affaires de l’enquête IFO a encore progressé en octobre. Avec un niveau de 107,6, il atteint même un plus haut depuis mai 2007.
En route vers les 4 % de croissance.
Sources : IFO, Bundesbank, Datastream
Mieux, cette vigueur s’observe à la fois en matière de perception de la situation présente et sur le front des perspectives d’activité. Avec un niveau de 105,1, ces dernières ne sont plus qu’à 0,5 point de leur plafond de juillet 2010, qui constitue un sommet historique, jamais atteint depuis la réunification allemande.
Les perspectives d’activité proches de leur sommet historique.
Sources : IFO, Bundesbank, Datastream
Autrement dit, après avoir déjà atteint 3,8 % au deuxième trimestre 2010, le glissement annuel du PIB allemand est bien parti pour se stabiliser durablement autour des 4 %.
Et, même si l’euro fort risque de limiter son dynamisme économique, l’Allemagne restera protégée par l’ampleur des réformes qu’elle a menées depuis dix ans et dont elle récolte aujourd’hui les fruits.
A l’inverse,
Certes, en octobre, l’indicateur du climat des affaires en France a gagné 3 points, passant de 101 à 104, contre une moyenne de long terme de 100. Cette amélioration notable s’observe dans tous les secteurs d’activité. Ainsi, que ce soit dans l’industrie ou les services, l’indice du climat des affaires passe au-dessus des 100 (qui représente la moyenne de long terme) pour la première fois depuis le printemps 2008 (à respectivement 104 et 101). Dans le commerce de détail, l’indicateur d’activité est encore plus impressionnant puisqu’il atteint 109, un plus haut depuis le début 2008.
Encore mieux, le détail des enquêtes indique que la plupart des indicateurs avancés sont au beau fixe. Dans l’industrie par exemple, les perspectives personnelles de production, qui présentent l’une des plus fortes corrélation avec la croissance à venir, sont passées de – 11 en juillet dernier à + 4 en septembre et + 16 en octobre, un sommet depuis avril 2008. Dans les services, les perspectives d’activité continuent d’augmenter et ne sont plus qu’à un point de leur niveau de long terme. Quant aux perspectives de ventes dans le commerce de détail, elles passent de – 4 en juillet à + 5 en septembre et + 10 en octobre, contre une moyenne de long terme de + 1.
En d’autres termes, il y a encore une dizaine de jours, lors de la réalisation de ces enquêtes, tout paraissait au mieux dans le meilleur des mondes et
S’il est certainement encore trop tôt pour tirer des conséquences définitives de ce double dérapage, il est clair que la confiance risque de repartir en forte baisse dès la prochaine enquête de l’INSEE. En effet, au-delà du coût des blocages et du ralentissement de certaines activités, qui pourraient coûter de 0,1 à 0,2 point de PIB, les tensions sociales devraient surtout peser sur le moral des chefs d’entreprise. Or, sans confiance, la croissance ne fera pas long feu.
Pis, l’image internationale de
D’ailleurs, au-delà du satisfecit qu’elles procurent au premier regard, les enquêtes de l’INSEE d’octobre recèlent aussi quelques facteurs d’inquiétudes. Ainsi, dans l’industrie, les carnets de commandes globaux stagnent à – 23, soit 6 points au-dessous de leur niveau de long terme. De même, en dépit d’une activité favorable, les perspectives d’emploi dans le commerce de détail se replient à – 4, contre – 2 en septembre et une moyenne de – 1 depuis 1991. Enfin, le climat des affaires dans le bâtiment reste cinq points en deçà de sa moyenne de long terme.
Prolongeant ces bémols, les enquêtes des directeurs d’achat d’octobre font état d’un contexte de décélération. Dans l’industrie, l’indice synthétique est passé de 56 en septembre à 55,2. Dans les services, la baisse a été encore plus sévère : 55,3 en octobre contre 58,2 le mois précédent et encore 61,1 en juillet dernier.
La croissance française s’affaisse déjà.
Sources : INSEE, Reuters, Bloomberg
En conclusion, l’amélioration du climat des affaires des enquêtes INSEE doit être relativisée et ne peut pas être extrapolée dans le temps. Non seulement parce qu’elle reste fragile, mais surtout parce que la hausse de l’euro et la dégradation du climat social devraient inverser rapidement et fortement la tendance. C’est vraiment dommage…
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Marc Touati
La météo économique de la semaine écoulée :
Les Marchés:
Une politique monétaire trop accommodante partout, sauf dans la zone euro.
A la suite de notre article de la semaine dernière sur la nécessité pour
Le taux Taylor correspond au taux d’intérêt directeur optimal en fonction de la croissance et de l’inflation. Ainsi, ce taux optimal est égal au taux d’intérêt neutre (c’est-à-dire sans impact positif ou négatif sur l’inflation et la croissance) auquel on ajoute deux « primes de risque ».
La règle de Taylor, une règle d’or ?
Taux optimal de la politique monétaire = Taux neutre + 0,5 (inflation effective – objectif d’inflation) + 0,5 (croissance effective – croissance potentielle). |
La première correspond à l’écart qui existe entre l’inflation effective et l’objectif d’inflation fixé par la banque centrale. La règle de décision est alors simple : si l’inflation effective est supérieure à l’objectif de la banque centrale, le taux Taylor est poussé à la hausse e
- Et pendant ce temps, la Chine marque des points.
- Etats-Unis : vers une belle croissance au troisième trimestre.