France : la déflation rode toujours.

 

La déflation est toujours au porte de la France. A l’heure où certains membres de la BCE n’hésitent pas à évoquer le retour en force de l’inflation dans la zone euro, l’évolution des prix à la consommation en France en septembre 2010 a de quoi calmer leurs ardeurs. En effet, après une légère remontée technique en août (liée à la fin des soldes), ceux-ci ont reculé de 0,1 % en septembre. Leur glissement annuel reste donc particulièrement faible à 1,6 %.

Pis, hors éléments volatils, les prix stagnent et leur glissement annuel se stabilise à 0,8 %. A l’évidence, nous sommes donc plus proche de la déflation que de la forte inflation. Et ce d’autant que le glissement annuel des prix des biens manufacturés est d’ores et déjà de 0 %, en dépit d’une augmentation mensuelle de 0,7 % en septembre (liée à la poursuite de l’effet correctif de la fin des soldes).

Dans la mesure où les perspectives de prix demeurent largement contenues, en particulier grâce ou à cause de l’appréciation de l’euro, l’inflation française devrait ainsi avoisiner les 1,5 % en moyenne sur l’année 2010.

Cette faible inflation peut évidemment être perçue positivement dans la mesure où elle permet de garantir un certain pouvoir d’achat aux ménages.

Néanmoins, au-delà de cet avantage de court terme, elle constitue également un témoin de la faiblesse durable de la demande des consommateurs. Si bien qu’en dépit d’une augmentation régulière de leurs coûts, les entreprises et distributeurs ne peuvent pas répercuter cette dernière sur les prix. Dès lors, ils sont contraints de trouver d’autres moyens de réduire leurs frais et notamment sur le front de l’emploi.

Autrement dit, en plus de confirmer la fragilité de la consommation des ménages, cette inflation réduite indique que l’emploi va rester moribond dans l’Hexagone.

Il ne faut donc pas se tromper d’ennemi : le principal danger qui menace la France et la zone euro n’est absolument pas une résurgence de la forte inflation, mais une croissance et un emploi durablement mous. Dans ce cadre, si l’euro reste fort et/ou si la BCE monte trop rapidement ses taux directeurs, l’inflation s’affaiblira encore, déprimant davantage la croissance et l’emploi.

Ne l’oublions pas : une inflation comprise entre 2 et 3 % n’a jamais été nocive à l’économie, puisqu’elle permet au contraire de dynamiser la consommation, en incitant les ménages à ne pas différer leurs achats. A l’inverse, une inflation excessivement faible s’accompagne généralement d’une croissance et d’un emploi déprimé. C’est d’ailleurs exactement ce qui s’observe en France et dans la zone euro depuis une dizaine d’années. Il est donc grand temps d’en sortir…

 Marc Touati