Zéro pointé pour la production industrielle française.

 

Après le nouveau creusement du déficit extérieur français et avant même les grèves de cette semaine, le ciel s’obscurcit un peu plus dans la conjoncture économique française. En effet, après avoir déjà chuté de 1,6 % en juin, puis rebondi timidement de 0,8 % en juillet, la production industrielle a enregistré une croissance zéro en août.

Cette stagnation est d’autant plus désagréable qu’elle s’observe également dans la seule production manufacturière. Ainsi, au cours des trois derniers mois, la production a reculé de 0,3 % dans l’ensemble de l’industrie et de 0,1 % dans le secteur manufacturier. A l’évidence, ces évolutions sont de mauvais augure pour la variation du PIB du troisième trimestre qui pourrait avoisiner les 0,1 % dans le meilleur des cas.

Deux petites consolations émergent cependant de cette livraison statistique. D’une part, après avoir déjà augmenté de 1,5 % en juillet, la production de biens d’investissement a progressé de 1 % en août. Même si ces évolutions ne font que corriger la forte baisse de juin, elles montrent néanmoins que l’investissement est bien en train de reprendre des couleurs dans l’Hexagone.

D’autre part, après avoir augmenté de 1,9 % en juillet, la production de matériels de transports progresse encore de 0,8 % en août. De quoi montrer qu’en dépit de la fin de la prime à la casse, le secteur automobile continue de résister. Pas d’euphorie pour autant, puisque ces augmentations ne parviennent pas à corriger la baisse de juin. Ainsi, sur les trois derniers mois, la production de matériels de transports affiche une baisse de 1,5 %. Le secteur automobile reste donc très fragile et, à l’inverse de la situation du second semestre 2009 et du début 2010, il risque de tirer encore la croissance industrielle vers le bas.

En outre, ces résultats très moyens ont été obtenus dans un contexte de relatif calme social et avec un euro relativement « normal ». Dès lors, la dégradation du climat social et la flambée excessive de l’euro devraient aggraver la situation de l’activité industrielle et plus globalement de l’ensemble de l’économie française. Autrement dit, après avoir retrouvé le chemin d’une croissance comprise entre 1,5 % et 2 %, le PIB hexagonal pourrait très vite décélérer, voire retrouver le chemin de la baisse trimestrielle d’ici le printemps 2011.

N’oublions effectivement pas que la croissance française est structurellement molle et que, par là même, toute contrariété conjoncturelle peut très vite la faire chuter. L’économie française continue donc de marcher sur un fil et finira forcément par s’effondrer si le climat social reste dégradé et si l’euro demeure trop fort. En conclusion : plus les semaines passent, plus l’objectif gouvernemental d’une croissance à 2 % l’an prochain s’effiloche.

Marc Touati