France et zone euro : la « japonisation » s’amplifie…

Il s’agissait d’une des principales craintes que nous formulions il y a presque dix ans. C’est désormais chose faite : déflation, croissance zéro, taux d’intérêt négatifs, trappe à liquidités. Tous les maux économiques que nous espérions cantonnés à l’Archipel nippon sont désormais chez nous, en France, dans la zone euro et peut-être bientôt dans l’ensemble du monde occidental. Autrement dit, nous n’avons pas su tirer les leçons des erreurs japonaises et sommes tombés dans les mêmes pièges. Nous n’avons pas su comprendre et admettre que si le Japon, pourtant superpuissance des années 1980, était tombé de son piédestal, une telle déchéance serait encore plus douloureuse pour nous. En effet, les mêmes erreurs ont été commises : arrogance, dogmatisme, politique monétaire trop restrictive, taux de change surévalué, explosion de la dette publique et le tout couronné par une croissance structurellement molle. Pire, la faiblesse des taux monétaires et l’utilisation massive de la « planche à billets » n’ont pas produit les effets escomptés. A tel point que « l’alignement des planètes » de l’an passé n’a pas réussi à restaurer une croissance forte et durable. En fait, à l’instar du Japon mais avec dix ans de retard, la zone euro, la France, voire les Etats-Unis, se sont enfoncés dans une « trappe à liquidités » de plus en plus dangereuse, qui ne fait qu’alimenter une bulle obligataire sans soutenir l’activité économique. Cerise sur ce gâteau empoisonné, la déflation est aussi de retour en Europe, seulement un an après l’avoir quittée et n’est pas près de disparaître. Il faut donc se rendre à l’évidence : le modèle japonais de la déflation s’est bien imposé, avec les dégâts durables que cela engendre, notamment en termes de chômage et de faiblesse des revenus et par là même de risque sociétaux…