Obligations d’Etat : la folie des taux négatifs est de retour.

Certains appellent cela un « flight to quality ». En fait, il s’agit plutôt d’un « flight to irrationality ». En effet, après avoir touché des plus bas historiques en avril 2015, puis être remonté significativement jusqu’à l’automne dernier, les taux d’intérêt à dix ans des obligations des principaux Etats occidentaux ont ensuite repris le chemin de la baisse. Depuis quelques semaines, ce repli s’est transformé en effondrement, avec souvent le retour de taux d’intérêt négatifs sur des échéances plus courtes. Pour les échéances de deux à six ans, les « bonds » de l’Etat français offrent même des rendements négatifs. En d’autres termes, il faut désormais payer pour avoir le privilège de prêter à l’Etat français. Et ce, en dépit d’une dette publique de près de 100 % du PIB, de l’incapacité de réduire le déficit public sous les 3 % du PIB et des nombreux risques qui pèsent sur l’avenir économique et politique de la France. Le pire est que cette baisse des taux, qui s’apparente plus à une « descente aux enfers » qu’à un mouvement salutaire, apparaît « normale » pour certains. Selon eux, elle serait liée à un mouvement d’afflux vers la qualité en provenance des marchés boursiers qui chutent fortement vers les marchés des obligations d’Etat a priori « plus sûrs ». Et c’est bien là que le bât blesse, car si la probabilité de défaut d’un Etat occidental dans les dix prochaines années est relativement faible, celle de la remontée des taux longs à ce même horizon est beaucoup plus élevée, rendant donc inévitables des moins-values conséquentes sur les placements obligataires. Autrement dit, en dépit de l’aveuglement collectif, depuis les investisseurs chevronnés jusqu’aux petits épargnants en passant par la BCE, nous continuons de défendre que des taux d’intérêt des obligations de l’Etat français, mais aussi de l’ensemble des pays de la zone euro, aussi bas ne sont pas normaux. Dès lors, si, malgré les évidences, certains préfèrent encore acheter ce type de produits, il ne faudra pas venir se plaindre lorsque le krach obligataire s’installera…